La mort de George Floyd, un noir américain étouffé par un policier blanc lors d’une interpellation, a remis sur la table la question du racisme aux Etats-Unis et dans le monde. Des manifestations se sont déclenchées dans le monde entier pour condamner le racisme et toutes ses formes de représentations notamment les statues. Au Bénin, par exemple, la toile s’est enflammée à cause de la statue de Saint Michel qui se trouve dans la paroisse Saint Jean-Baptiste de Cotonou.
L’interprétation raciste faite n’est que de l’opportunisme…
En effet cette statue représentait un archange Saint Michel blanc, piétinant un diable peint en noir. Cette polémique a poussé la paroisse à changer la couleur pointée du doigt. Le curé de la paroisse, le père Ponce Akennone, explique cette décision par le fait qu’il y a mieux à faire dans le contexte actuel de la pandémie de Covid 19, que de mettre la paroisse au cœur d’une polémique qui n’est pas nécessaire. Il fait cependant savoir dans les colonnes de la Croix Africa que « l’interprétation raciste faite n’est que de l’opportunisme parti de considérations neutres mais que certains orientent dans le sens qui les arrange ».
Le père Maurice Hounmènou interrogé par le même média invite à faire la part des choses. Pour le spécialiste de liturgie et théologien, c’est important de faire la distinction entre les interprétations symboliques de l’art chrétien antique et les constructions idéologiques qui ont fait de la couleur noir l’expression présentielle des démons et des anges déchus. « Il nous fait sortir de toute stigmatisation raciale ou instrumentalisation idéologique lorsqu’il s’agit d’évoquer la symbolique de l’art chrétien dans sa pureté historique » exhorte-t-il.
Le problème posé n’est pas une question de couleur de peau, mais plutôt d’identité culturelle
Le Professeur Jérôme Alladayé, historien des religions, estime quant à lui que le problème posé n’est pas une question de couleur de peau, mais plutôt d’identité culturelle, c’est-à-dire, si, pour son développement, l’Africain doit s’aliéner ou trouver en lui-même les valeurs positives de sa régénération. Il faut dire qu’au début de la polémique plusieurs personnes avaient pris la parole pour dénoncer la statue. L’écrivain béninois Martial Kogon a par exemple indiqué que ces types de statues sont le « prolongement d’une image rabaissante et déshumanisante de l’homme noir. Ce sont des stéréotypes qu’on a hérités de l’époque coloniale et esclavagiste et que nous avons perpétués sans jamais nous poser de questions ».
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