En début d’août, une annonce du ministère du commerce extérieur chinois a mis en alerte l’industrie mondiale des semi-conducteurs. La Chine, décidant de contrôler de près l’exportation de deux métaux rares essentiels à la production de ces composants, le gallium et le germanium, a placé l’Europe dans une position délicate. Alors que les Etats-Unis et la Chine se disputent la domination sur le marché des semi-conducteurs, l’Europe se trouve au cœur de cette bataille, cherchant désespérément des alternatives pour contourner cette situation.
Cette décision chinoise n’est pas une surprise pour ceux qui suivent la géopolitique des matières premières. Comme l’observe Guillaume Pitron, spécialiste en la matière, la Chine a déjà brandi la menace de restreindre ses exportations en métaux rares depuis 2010. Avec elle contrôlant près de la moitié de la production de ces métaux et raffinant 90% de la production mondiale, l’Europe, dépendante à 71% du gallium et 45% du germanium chinois, est dans une situation précaire. Cette dépendance est mise en lumière par les jeux géopolitiques actuels.
Le système D pour l’Europe
L’Europe, consciente de cette précarité, cherche des solutions. Certains pays comme le Royaume-Uni envisagent de recycler des appareils contenant des métaux rares. Les éoliennes, par exemple, contiennent des métaux rares comme le niobium, le tantale et le rhénium. Récupérer ces métaux pour les réutiliser devient non seulement une nécessité pour l’industrie mais aussi une démarche écologique. Toutefois, il est regrettable que ces initiatives ne soient pas encore généralisées, avec le Royaume-Uni, par exemple, envoyant encore des déchets d’éoliennes au Canada pour traitement.
Cependant, un espoir se profile. L’Industrial Biotechnology Innovation Center (IBIOIC) travaille avec l’Université d’Édimbourg et SEM pour mettre au point une technique d’extraction des métaux rares des alliages. Si cette méthode s’avère efficace, elle pourrait réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis des chaînes d’approvisionnement étrangères tout en offrant une solution durable pour la planète. La détermination et l’innovation sont le seul chemin pour l’Europe si elle souhaite regagner son autonomie dans un monde dominé par la guerre des semi-conducteurs entre les géants mondiaux.
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