Le Mali, le Niger et le Burkina Faso envisagent une rupture avec le franc CFA, monnaie commune à plusieurs États d’Afrique de l’Ouest et garantie par une parité fixe avec l’euro. Cette initiative survient dans le sillage de leur retrait annoncé de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), accentuant ainsi la rupture de ces trois nations avec les pays de la sous-région.
Dirigés par des régimes militaires suite à des coups d’État, ces pays ont exprimé leur volonté de se détacher de ce qu’ils perçoivent comme les vestiges d’une influence coloniale française, en créant leur propre monnaie, le sahel. Cette ambition soulève des questions quant à la viabilité économique d’une telle entreprise, compte tenu de la situation précaire dans laquelle se trouvent ces États. Mais pour les responsables qui ont déjà évoqué le sujet, il s’agit ni plus ni moins d’une nécessité pour la souveraineté des trois états.
Deux dirigeants militaires au pouvoir, à savoir le général Abdourahamane Tchiani du Niger et Ibrahim Traoré du Burkina Faso, ont publiquement dénoncé l’exploitation historique de leurs pays par la France et ont présenté la création d’une monnaie propre comme un symbole de souveraineté retrouvée. Cette rhétorique s’inscrit dans un contexte plus large de désir d’indépendance économique et politique vis-à-vis des anciennes puissances coloniales et des structures régionales actuelles.
Des risques réels
La décision de quitter le franc CFA, toutefois, ne va pas sans risques. Les économies de ces pays, principalement agricoles et sans accès à la mer, dépendent fortement de leur intégration régionale pour des aspects vitaux tels que l’énergie et l’accès aux marchés financiers internationaux. Une sortie précipitée pourrait entraîner des conséquences économiques sérieuses, incluant la dévaluation de la nouvelle monnaie et une dégradation de leur notation sur les marchés financiers. Pour certains observateurs, c’est la raison pour laquelle, le départ de la zone monétaire n’a pas encore été acté.
Pour atténuer ces inquiétudes, des efforts sont déployés pour rassurer les acteurs économiques locaux sur les bénéfices potentiels de cette transition. Des rencontres ont été organisées, notamment par le chef du gouvernement de transition du Burkina Faso, pour discuter des opportunités que cette nouvelle orientation pourrait offrir, soulignant l’importance de l’implication du secteur privé dans le processus.
La question de l’avenir du franc CFA et de l’autonomie monétaire dans cette région reste complexe. Les débats autour de cette monnaie révèlent des clivages profonds entre les partisans de la stabilité qu’elle apporte et ceux qui la voient comme un obstacle à la croissance et à l’autonomie véritable. La décision des trois États du Sahel de se détourner du franc CFA marque un tournant potentiel dans la dynamique économique et politique de l’Afrique de l’Ouest, dont les implications restent à observer.
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