Lorsqu’il est question d’esclavage, l’imaginaire collectif tend aujourd’hui à se focaliser sur le tragique commerce transatlantique des esclaves, qui a vu des millions d’Africains déportés et asservis dans les Amériques. Cependant, un chapitre moins connu de l’histoire de l’esclavage concerne directement l’Europe et ses habitants blancs, souvent occulté dans les récits historiques dominants.
L’Ombre de l’esclavage en Europe
Dans l’Antiquité, l’Empire romain a largement pratiqué l’esclavage, intégrant des personnes de toutes origines, y compris des Européens, au sein de son système économique et social. Les prisonniers de guerre, capturés lors de conflits avec les peuples voisins, étaient fréquemment réduits en esclavage et employés dans divers secteurs, allant de l’agriculture aux services domestiques, voire dans les arènes comme gladiateurs. L’esclavage était une composante intrinsèque de la structure sociale et économique romaine, sans distinction de couleur de peau.
Par ailleurs, au cours du Moyen Âge et à la Renaissance, des Européens, y compris des Français, ont eux-mêmes subi l’esclavage. Les corsaires barbaresques de la Méditerranée Nord-Africaine ont mené de nombreuses razzias sur les côtes européennes, capturant des habitants pour les vendre comme esclaves. Cette pratique a perduré du 16ème au 19ème siècle, affectant principalement les régions côtières de l’Italie, de l’Espagne et de la France.
Les Janissaires: entre servitude et pouvoir
L’Empire ottoman représente un autre exemple historique où l’esclavage des Européens était monnaie courante. Le système des Janissaires, en particulier, illustre comment de jeunes chrétiens, souvent d’origine slave ou balkanique, étaient enlevés à leurs familles, convertis à l’islam et formés pour servir dans l’élite militaire ou administrative ottomane. Bien qu’ils puissent atteindre des positions de pouvoir, leur statut initial était celui d’esclaves au service du sultan.
L’abolition de l’esclavage dans ces contextes ne s’est opérée que progressivement, souvent sous la pression de facteurs extérieurs tels que les interventions diplomatiques et les mouvements sociaux. Dans l’Empire ottoman, par exemple, l’abolition a été influencée au 19ème siècle par les réformes internes et les pressions des puissances européennes, conduisant à la disparition graduelle de l’esclavage au début du 20ème siècle.
Un chapitre oublié : les silences de l’histoire coloniale
L’occultation de l’esclavage des Blancs dans les annales historiques peut en partie s’expliquer par le contexte de la période coloniale et de la traite transatlantique des esclaves, qui a dominé le discours européen sur l’esclavage. Durant cette ère, les nations européennes, engagées dans des entreprises coloniales à grande échelle, ont institutionnalisé l’esclavage des Africains comme un pilier économique de leurs colonies. Cette focalisation sur l’esclavage transatlantique, associée à l’ampleur et à la systématisation de cette traite, a souvent relégué au second plan d’autres formes d’esclavage dans le discours public et académique. La volonté des puissances coloniales de justifier leurs actions en Amérique et aux Caraïbes a contribué à éclipser les récits d’esclavage impliquant des populations européennes, rendant cette facette de l’histoire moins visible dans la mémoire collective.
Ce survol historique de l’esclavage des Blancs en Europe rappelle la complexité et la diversité des pratiques d’asservissement à travers les âges. Il souligne l’importance de reconnaître toutes les formes d’esclavage pour comprendre pleinement son impact sur l’histoire de l’humanité. L’histoire de l’esclavage des Blancs, bien que moins médiatisée, fait partie intégrante de notre patrimoine historique et mérite d’être rappelée et étudiée avec attention.
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