Le marché des armements en Afrique présente des dynamiques complexes et des acteurs variés, avec une prédominance notable des équipements russes. Sur le continent, une arme sur deux provient de Russie, soulignant ainsi la position dominante de Moscou dans le secteur de la défense africaine. Cette hégémonie pose des défis pour d’autres nations, notamment la France, qui malgré une présence militaire significative, peine à exporter ses équipements militaires en Afrique subsaharienne.
L’industrie française de l’armement, bien que puissante à l’échelle mondiale, affiche des résultats modestes en Afrique subsaharienne, ne représentant que 1,5 % de ses exportations sur la dernière décennie. La distribution des autorisations d’export en 2022 illustre ce déséquilibre : la majeure partie de ces exportations se dirige vers l’Europe, laissant une part marginale à l’Afrique subsaharienne. Cette situation s’explique partiellement par l’approche historique française qui, selon Sébastien Lecornu, ministre des Armées, repose trop sur une logique de substitution plutôt que de partenariat.
Parallèlement, de nouveaux acteurs émergent sur ce marché, notamment la Turquie, qui a considérablement augmenté sa présence en Afrique ces dernières années. Grâce à des stratégies d’implantation agressives, notamment à travers Turkish Airlines et des sociétés militaires privées comme SADAT, la Turquie propose des offres compétitives englobant formation, équipement et support.
La qualité et l’accessibilité de l’armement turc, y compris les drones et le matériel de transport de troupes, permettent une montée en puissance rapide des armées africaines. Le drone TB2 Bayraktar, notamment utilisé en Ukraine, a déjà été commandé par une dizaine de pays africains, illustrant l’attractivité du matériel turc sur le marché africain.
Ce phénomène de diversification des fournisseurs en Afrique révèle une transformation des armées locales, désormais plus équipées et capables de répondre aux menaces sécuritaires spécifiques, telles que le terrorisme. Cela pose un défi stratégique pour la France et d’autres fournisseurs traditionnels, qui doivent repenser leur approche pour regagner du terrain face à des concurrents comme la Russie et la Turquie.
La situation du marché des armements en Afrique met en lumière une compétition accrue et une évolution des alliances et des préférences régionales, qui influenceront sans doute les stratégies de défense et de coopération internationale à l’avenir.
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