Au Togo, la victoire Ă©crasante de l’Union pour la RĂ©publique (Unir) aux Ă©lections lĂ©gislatives, oĂą le parti du prĂ©sident Faure GnassingbĂ© a remportĂ© 108 des 113 sièges, semble prĂ©dire une prĂ©sidence prolongĂ©e pour l’actuel chef d’État. Cette majoritĂ© Ă©crasante au parlement, combinĂ©e Ă la rĂ©cente rĂ©forme constitutionnelle, positionne GnassingbĂ© au cĹ“ur du pouvoir politique du pays pour une pĂ©riode potentiellement indĂ©finie.
La modification de la Constitution, qui transforme le poste de prĂ©sident en une figure principalement honorifique et met le pouvoir rĂ©el entre les mains du prĂ©sident du Conseil des ministres — issus du parti majoritaire Ă l’AssemblĂ©e — favorise incontestablement le maintien de GnassingbĂ© Ă la tĂŞte de l’État. Cette restructuration a Ă©tĂ© critiquĂ©e tant au niveau national qu’international comme une stratĂ©gie pour contourner les limites de mandats prĂ©sidentiels, permettant ainsi Ă GnassingbĂ© de continuer Ă rĂ©gner au-delĂ des termes traditionnels.
Face Ă cette situation, l’opposition togolaise, sous la voix de Nathaniel Olympio, prĂ©sident du Parti des Togolais, appelle Ă une mobilisation gĂ©nĂ©ralisĂ©e pour contester les rĂ©sultats et le processus Ă©lectoral, jugĂ©s frauduleux. Olympio critique sĂ©vèrement la validation internationale du scrutin, soulignant le dĂ©ploiement insuffisant d’observateurs et la fermeture des espaces dĂ©mocratiques dans le pays. Il exhorte les citoyens Ă se rassembler pour mettre fin Ă ce qu’il considère comme un rĂ©gime autoritaire.
Cette dynamique soulève des questions sur la stabilitĂ© future du Togo. Alors que le parti au pouvoir jouit d’une autoritĂ© renforcĂ©e, le mĂ©contentement et la frustration s’accumulent chez les opposants et une partie de la population. Cette dichotomie entre le contrĂ´le gouvernemental et le dĂ©sir populaire d’un changement politique pourrait, Ă terme, engendrer une instabilitĂ© significative.
Les bénéfices immédiats pour Faure Gnassingbé sont clairs : un contrôle renforcé du gouvernement, une capacité accrue à influencer la politique sans opposition significative, et la perspective de prolonger son influence au-delà des limites traditionnelles. Cependant, ce renforcement du pouvoir risque de se confronter à des défis de légitimité et à une résistance croissante de la part de ceux qui voient dans ces changements une régression démocratique.
La situation actuelle pose donc un dilemme crucial : la stabilitĂ© politique Ă court terme garantie par un pouvoir centralisĂ© est-elle durable face aux tensions internes et Ă l’appel Ă plus de dĂ©mocratie? Seul l’avenir dira si le Togo parviendra Ă trouver un Ă©quilibre entre la gouvernance autoritaire et les aspirations dĂ©mocratiques de sa population.
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