Dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne débutée en février 2022, les pays européens ont ressenti une urgence à diversifier leurs sources d’approvisionnement en gaz naturel, traditionnellement dominées par les importations russes. Face à l’accroissement des tensions et l’imposition de sanctions internationales à la Russie, une crise énergétique s’est dessinée au sein de l’Union européenne. Celle-ci, cherchant à réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe, a dû explorer de nouvelles avenues pour sécuriser ses besoins en énergie, augmentant ainsi la pertinence des autres grands producteurs de gaz, notamment l’Algérie.
L’Algérie a connu une année record en 2023, avec une production de gaz atteignant 105 milliards de mètres cubes, d’après un rapport récent de la Banque mondiale. Près de la moitié de cette production a été exportée, principalement vers l’Europe, via des gazoducs et sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Cette augmentation significative de la production a été en partie motivée par la demande accrue des pays européens, comme l’Italie et la France, dans le contexte post-conflit ukrainien.
Le rapport de la Banque mondiale met en lumière une modification stratégique dans les exportations algériennes : une proportion plus grande du gaz est désormais exportée sous forme de GNL, ce qui compense une réduction des expéditions par gazoduc. Les infrastructures clés incluent le gazoduc Medgaz vers l’Espagne et le Galsi en direction de l’Italie. Le GNL, dont les prix sont plus flexibles que ceux du gaz acheminé par gazoduc, permet à l’Algérie de naviguer plus agilement sur le marché énergétique fluctuant.
Le GNL algérien a été principalement vendu à la Turquie, la France et l’Espagne, les trois principaux importateurs en Europe. Au cours du premier trimestre de 2024, la production algérienne de GNL a légèrement augmenté, consolidant ainsi sa place de fournisseur essentiel pour l’Europe, malgré la fermeture du gazoduc GME qui reliait autrefois l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, suite à la rupture diplomatique avec Rabat.
La capacité de l’Algérie à répondre à la demande européenne ne se limite pas seulement à l’augmentation de la production de gaz. Le pays a également renforcé ses infrastructures d’exportation, avec les complexes de GNL de Skikda et Arzew et les gazoducs reliant l’Algérie aux marchés européens. Cette expansion significative a permis à l’Algérie de jouer un rôle crucial dans la sécurité énergétique de l’Europe.
En perspective, l’Algérie ambitionne de porter sa production à 200 milliards de mètres cubes dans les cinq prochaines années, ce qui accentuerait son rôle de pilier dans l’approvisionnement énergétique européen. Actuellement, elle se positionne comme le troisième plus grand fournisseur de gaz de l’Europe, juste derrière la Russie et la Norvège. Cette ascension témoigne de l’importance croissante de l’Algérie sur l’échiquier énergétique mondial, et particulièrement européen, dans un contexte géopolitique et économique en rapide évolution.
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