Depuis le début du conflit en Ukraine, le monde assiste à un jeu d’échecs géopolitique où chaque mouvement d’un camp entraîne une riposte de l’autre. La dernière pièce sur l’échiquier pourrait bien être les rebelles houthis du Yémen, que Moscou envisagerait d’armer pour contrer l’influence occidentale au Moyen-Orient. Cette manœuvre s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes en mer Rouge, théâtre d’une guerre navale d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. Les houthis, soutenus par l’Iran, mènent depuis des mois une campagne agressive contre le trafic maritime, ciblant particulièrement les intérêts occidentaux et israéliens. Leurs attaques, utilisant un arsenal varié de drones, missiles et embarcations piégées, ont déjà endommagé une trentaine de navires et en ont coulé deux, perturbant gravement le commerce international.
Face à cette menace, les États-Unis ont déployé une force navale impressionnante, incluant le porte-avions USS Dwight D. Eisenhower. Ce groupe aéronaval a mené une campagne intensive, tirant plus de 700 missiles et munitions diverses pour contrer les assauts houthis. L’Europe n’est pas en reste, avec l’opération Aspides qui a vu les frégates françaises entrer dans la danse, utilisant leurs missiles Aster pour protéger les navires marchands. Cependant, malgré cette réponse musclée, les attaques houthies persistent. Tel un phénix renaissant de ses cendres, le mouvement rebelle semble avoir trouvé un second souffle, probablement grâce à un réapprovisionnement iranien. Cette résilience inattendue pousse à s’interroger : et si un nouveau joueur entrait dans la partie ?
Une escalade russe aux conséquences imprévisibles
C’est là que la Russie entre en scène. Selon des sources américaines, Moscou envisagerait de fournir aux houthis des missiles antinavires supersoniques Yakhont, capables de frapper des cibles à 300 km de distance. Cette perspective fait froid dans le dos des stratèges occidentaux, car elle pourrait changer radicalement la donne dans la région. Vladimir Poutine, tel un joueur d’échecs anticipant plusieurs coups à l’avance, avait déjà évoqué en juin la possibilité d’armer des pays tiers pour riposter au soutien occidental à l’Ukraine. Cette menace, qui semblait alors rhétorique, prend aujourd’hui une dimension bien réelle.
Les implications d’un tel transfert d’armes seraient considérables. Non seulement cela renforcerait la capacité des houthis à perturber le trafic maritime, mais cela étendrait aussi l’influence russe dans une région déjà instable. C’est comme si Moscou plaçait un pion stratégique sur un échiquier déjà surchargé, menaçant de faire basculer l’équilibre des forces. Les États-Unis, conscients de l’enjeu, tentent de court-circuiter cette manœuvre par des canaux diplomatiques, impliquant possiblement l’Égypte comme médiateur. Cette dernière a tout intérêt à calmer le jeu, ses revenus du canal de Suez ayant chuté de 23% en raison de l’insécurité en mer Rouge.
Un conflit qui s’élargit et s’intensifie
Pendant ce temps, les houthis élargissent leur champ d’action, revendiquant récemment une attaque sur Tel Aviv avec un nouveau type de drone. Cette escalade pousse Israël à durcir sa position, promettant une riposte « décisive et surprenante ». Face à cette situation qui s’emballe, les stratèges américains envisagent une approche plus large, reconnaissant que les opérations actuelles ne suffisent pas à dissuader les houthis. C’est comme si, dans cette partie d’échecs géante, les Occidentaux réalisaient qu’ils ne peuvent plus se contenter de réagir coup par coup, mais doivent repenser entièrement leur stratégie.
L’éventuel armement des houthis par la Russie marquerait une nouvelle étape dans l’internationalisation du conflit yéménite. Ce qui était à l’origine une guerre civile risque de se transformer en un champ de bataille par procuration entre grandes puissances, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la stabilité régionale et le commerce mondial. Alors que le monde retient son souffle, une question demeure : jusqu’où ira cette escalade, et qui fera le prochain mouvement sur cet échiquier explosif du Moyen-Orient ?
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