Depuis quelques semaines, des voisins immédiats du Bénin accusent le gouvernement local d’abriter des bases militaires françaises dans le but de mener des opérations de déstabilisation. La première accusation est venue des autorités nigériennes. C’est à la faveur d’une conférence de presse, que le Premier-ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine a lancé la bombe. Ces déclarations avaient suscité une vague de déclaration. Il y a quelques jours, c’était au tour du capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition au Burkina Faso de se mettre dans la même posture.
« Personne ne viendra nous dire qu’au Bénin il n’y a pas de base française dirigée contre nous. Nous avons les preuves sous la main de bases importantes, nul ne peut le contester. Je les mets au défi. » a-t-il lancé il y a quelques jours dans une vidéo devenue virale sur la toile. Une fois encore, ces mots du dirigeant de pays des hommes intègres n’ont pas manqué de susciter des réactions. C’est d’abord le porte-parole du gouvernement béninois qui est monté au créneau pour répondre au capitaine Traoré.
« Les attaques terroristes enregistrées par le Bénin à ce jour, dont la grande majorité a été déjouée par nos Forces de défense et de sécurité, sont l’œuvre de gens venant de l’autre côté de nos frontières avec le Burkina-Faso et le Niger. C’est d’ailleurs ce qui a amené le Gouvernement du Bénin, dans sa stratégie pour contrer le phénomène, à construire pour compter de 2022, de petits camps militaires appelés bases opérationnelles avancées, dans plusieurs de nos communes frontalières », a réaffirmé le Secrétaire général adjoint du gouvernement dans son message partagé sur les réseaux sociaux.
L’ambassadeur français Marc Vizy en fin de mission a également apporté un démenti à cette information. Il n’a pas manqué de lancer quelques piques au dirigeant burkinabé. Selon lui, « le président burkinabè a trop d’imaginations et est mal informé ». « Evidemment, il n’y a pas de bases françaises au Bénin. Le premier-ministre du Niger a dit la même chose il y a quelques temps. Ce sont des régimes qui sont en difficulté notamment sur le plan sécuritaire. Ils cherchent des boucs émissaires. Ils inventent des choses auxquelles eux-mêmes ne croient pas. Je pense qu’il y a beaucoup d’imaginations et ils devraient se concentrer sur le développement de son pays », a martelé l’ambassadeur français.
Les confidences du journaliste français Thomas Dietrich
C’est dans ce contexte que, le journaliste français Thomas Dietrich a fait savoir sur son compte X qu’il n’avait pas réussi à avoir une accréditation dans le but de mener une enquête sur le sujet. Selon l’élément diffusé sur le réseau social, il avait mené précédemment une enquête au Bénin. Il avait ainsi voulu y retourner pour faire la lumière sur la présence controversée de soldats français au Bénin. A en croire le point qu’il a fait dans la vidéo, même si les autorités béninoises n’avaient jamais refusé officiellement la délivrance de l’accréditation, tout porte à croire qu’il y a une volonté à ne pas le faire.
« Le 27 mai dernier, j’ai demandé une autorisation de reportage à l’organe en charge de l’accréditation aux journalistes étrangers (Haac). Mais son secrétaire général m’a reçu assez froidement en disant que la demande allait être examinée par le président », confie-t-il dans l’élément disponible sur le réseau social anciennement appelé Twitter. « Un mois et demie après ma demande, j’attends toujours mon accréditation qui ne m’a pas été refusée officiellement. Mais elle a été ajournée », indique-t-il. Il fait savoir que plusieurs raisons avaient été évoquées pour justifier cette situation. Il rapporte que l’organe avait prétexté d’un voyage du président de l’institution et ensuite brandi comme raison l’organisation d’une élection à l’interne.
« Une commission spéciale devrait examiner ma demande d’accréditation. Cette commission n’existe pas dans les règlements intérieurs de la Haac et semble avoir été inventée pour mes beaux yeux », a-t-il ajouté par la suite. « Le président de la Haac me demandait de contacter son Secrétaire général. Lui-même me demandait de joindre son président », détaille le journaliste français. Thomas Dietrich fait également savoir qu’il a sollicité le secours du porte-parole du gouvernement qui l’a renvoyé vers le président de la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication (Haac). Pour l’heure, pas de réaction officielle des autorités béninoises à cette affaire.
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