Face à un déficit énergétique croissant et un besoin urgent de diversification de ses ressources, la Tunisie franchit un nouveau cap dans sa transition énergétique. Le ministère tunisien de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie a récemment lancé un appel à projets pour l’installation de 200 MW de capacité solaire photovoltaïque. Ce projet, porté par une vision de développement durable et d’indépendance énergétique, s’inscrit dans une stratégie visant à réduire la dépendance aux énergies fossiles et à augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays.
Le 9 octobre 2024, le ministère a publié un arrêté fixant un tarif garanti pour l’achat de l’électricité produite dans le cadre de ce programme. Cette électricité sera intégralement rachetée par la Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz (STEG), ce qui offre aux investisseurs et développeurs une garantie de revenus stable et sécurisée. Ce mécanisme est perçu comme un levier important pour attirer des acteurs privés et étrangers dans le secteur énergétique tunisien.
Les prestataires intéressés par cette initiative ambitieuse ont jusqu’au 31 janvier 2025 pour soumettre leurs candidatures au Bureau d’ordre central du ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie. Ce projet devrait contribuer à réduire la pression sur le réseau national, tout en exploitant le fort potentiel solaire de la Tunisie.
L’urgence de diversifier les sources d’énergie du pays s’explique par une réalité préoccupante. La Tunisie fait face à un déclin notable de ses ressources primaires, principalement en hydrocarbures, alors que la demande énergétique nationale ne cesse d’augmenter. Entre 2010 et 2019, le déficit énergétique a explosé, passant de 0,6 million de tonnes équivalent pétrole (Mtep) à 5,7 Mtep, selon des données officielles du ministère. Ce fossé s’est creusé sous l’effet combiné de l’épuisement progressif des gisements locaux et de la hausse de la consommation d’énergie liée à la croissance démographique et économique.
Le développement des énergies renouvelables, notamment le solaire photovoltaïque, apparaît donc comme une solution stratégique pour freiner cette tendance inquiétante et répondre aux besoins énergétiques croissants du pays. La Tunisie bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel, avec une moyenne de 3 000 heures de soleil par an, ce qui en fait un candidat idéal pour l’expansion de l’énergie solaire.
Ce nouvel appel à projets s’inscrit dans un plan plus large visant à augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique tunisien. Le gouvernement s’est fixé des objectifs ambitieux, visant à ce que les énergies renouvelables représentent 30 % de la production totale d’électricité du pays d’ici 2030. À travers la mise en œuvre de projets solaires, la Tunisie espère non seulement combler son déficit énergétique, mais aussi contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique en réduisant ses émissions de CO2.
L’intérêt pour le développement des énergies propres est également motivé par la volonté de limiter la dépendance énergétique à l’importation, qui pèse lourdement sur les finances publiques. En effet, le pays importe une part importante de ses besoins en pétrole et en gaz naturel, ce qui le rend vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux.
Avec ce nouveau projet de 200 MW, la Tunisie pourrait non seulement renforcer sa sécurité énergétique, mais aussi devenir un modèle régional dans le domaine des énergies renouvelables. Les conditions climatiques, les ressources en soleil, et le cadre réglementaire mis en place par le gouvernement offrent des perspectives intéressantes pour les investisseurs. Ce projet pourrait même ouvrir la voie à de futurs investissements dans des technologies de stockage d’énergie ou d’interconnexions électriques avec d’autres pays voisins, renforçant ainsi la place de la Tunisie sur la carte énergétique régionale.
Laisser un commentaire