Afrique: comment la Turquie défie la présence chinoise dans plusieurs secteurs

Erdogan

L’Afrique demeure un terrain de concurrence intense entre les puissances mondiales. Historiquement dominé par les anciennes colonies européennes, notamment la France et le Royaume-Uni, puis par les États-Unis, le continent attire désormais de nouveaux acteurs majeurs. La Russie y renforce son influence militaire tandis que la Chine y déploie sa puissance économique depuis deux décennies. Dans cette dynamique géopolitique complexe, la Turquie émerge comme un concurrent redoutable face à l’hégémonie chinoise, bouleversant les équilibres établis et proposant aux nations africaines une alternative stratégique séduisante.

L’atout musulman contre la puissance économique

Un nouveau rapport de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) publié le 19 décembre 2024 met en lumière la stratégie d’Ankara. Exploitant ses liens religieux avec 26 pays africains membres de l’Organisation de la coopération islamique, la Turquie propose une alternative au modèle chinois. Cette approche porte ses fruits : les entreprises turques gagnent du terrain dans la construction d’infrastructures majeures. Les succès du groupe Summa en Afrique de l’Est et de Yapı Merkezi dans les projets ferroviaires tanzaniens illustrent ce bouleversement. Les États africains apprécient particulièrement l’engagement turc à employer des travailleurs locaux, contrairement aux pratiques chinoises.

Publicité

Une bataille pour les ressources stratégiques

L’expertise militaire turque séduit de plus en plus de nations africaines. Les drones Bayraktar, devenus symboles du savoir-faire turc, conquièrent les marchés sahéliens. Au Niger, Ankara bouscule la mainmise chinoise sur l’uranium et le pétrole. La signature d’accords miniers entre Niamey et la Turquie menace directement les intérêts de Pékin, jusqu’ici principal investisseur dans ces secteurs. Les entreprises militaires turques, portées par ces succès commerciaux, renforcent leur implantation en Afrique de l’Ouest, profitant notamment du retrait progressif des forces occidentales.

L’influence médiatique en jeu

La compétition se joue aussi sur le terrain de l’information. Les médias turcs diffusent désormais en langues locales, du swahili au haoussa. Face à cette offensive, les médias chinois intensifient leur présence. L’agence Xinhua forme des journalistes africains pour adapter son message aux réalités locales. Cette bataille de l’information révèle l’importance croissante du continent dans les stratégies d’influence des deux puissances. La Turquie, forte de son identité musulmane, tisse des liens culturels profonds tandis que la Chine mise sur sa puissance économique pour maintenir son influence.

Une Afrique au cœur des ambitions mondiales

Cette rivalité sino-turque ne représente qu’une facette de la compétition internationale en Afrique. Les États-Unis renforcent leur présence économique et militaire pour contrer l’influence chinoise, tandis que la Russie, à travers le groupe Wagner et ses contrats d’armement, étend son emprise sécuritaire. La France tente de maintenir ses positions dans ses anciennes colonies face à une hostilité croissante, pendant que le Royaume-Uni cherche de nouvelles opportunités post-Brexit. L’Inde développe ses partenariats commerciaux et technologiques, notamment dans l’Est du continent, alors que le Japon, à travers sa stratégie d’investissements massifs dans les infrastructures, se pose en alternative crédible à la présence chinoise. Cette multiplication des acteurs internationaux offre aux nations africaines l’opportunité de diversifier leurs alliances, tout en les plaçant au centre d’une complexe partie d’échecs géopolitique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité