La démocratie sud-coréenne traverse une période de turbulences politiques sans précédent. Le président Yoon Suk Yeol, au cœur d’une crise constitutionnelle majeure, a été destitué par un vote historique du Parlement, marquant un tournant décisif dans l’histoire politique du pays. Le Parlement sud-coréen a prononcé une décision spectaculaire samedi, votant massivement pour la destitution du président.
Avec 204 voix favorables, dépassant le seuil critique de 200 voix sur 300, l’Assemblée nationale a sanctionné les actions controversées de Yoon Suk Yeol, notamment sa tentative d’imposer la loi martiale le 3 décembre dernier. L’opposition, forte de 192 députés, a réussi un coup politique stratégique en ralliant 12 élus du Parti du pouvoir au peuple, la formation politique de Yoon. Cette coalition temporaire a permis de faire basculer un vote qui paraissait initialement impossible.
Les accusations portées contre le président sont graves. Park Chan-dae, chef de file des députés du Parti démocrate, a qualifié ces actions de « violation claire de la Constitution« . Le président sud coréen est accusé d’avoir tenté de museler le Parlement en utilisant l’armée, une manœuvre sans précédent depuis plus de quatre décennies.
La rue a immédiatement réagi à cette décision historique. Quelque 200.000 manifestants massés devant l’Assemblée nationale ont explosé de joie, symbolisant le rejet populaire des méthodes présidentielles. Les scènes de liesse contrastaient avec les rassemblements parallèles des partisans de Yoon, brandissant des drapeaux sud-coréens et américains.
Juridiquement, le président est désormais suspendu. La Cour constitutionnelle dispose de 180 jours pour valider définitivement cette destitution. Le Premier ministre Han Duck-soo assure l’intérim pendant cette période cruciale. Si la destitution est confirmée, une élection présidentielle anticipée sera organisée dans un délai de 60 jours.
Les conséquences judiciaires sont déjà en marche. Yoon Suk Yeol fait l’objet d’une enquête pénale pour « rébellion » et se voit interdit de quitter le pays. Plusieurs de ses proches collaborateurs, dont le chef du commandement militaire de Séoul, ont déjà été arrêtés. À 63 ans, Yoon devient le troisième président sud-coréen destitué par le Parlement, rejoignant Park Geun-hye en 2017 et Roh Moo-hyun en 2004. Sa chute illustre la fragilité des équilibres politiques dans une démocratie jeune mais vivace.
Laisser un commentaire