Conflit minier au Mali : Barrick Gold versera 438 millions $

bodnarchuk / Getty Images

Le gouvernement malien et Barrick Gold ont conclu un accord impliquant un versement de 438 millions de dollars par la compagnie minière canadienne. Cette entente vise à résoudre un différend fiscal et à permettre la reprise des activités sur la mine de Loulo-Gounkoto, la plus grande exploitation aurifère du pays. En janvier 2025, les autorités maliennes avaient saisi trois tonnes d’or et arrêté plusieurs employés de Barrick, accusant l’entreprise de ne pas s’être acquittée de ses obligations fiscales. Cet accord intervient dans un contexte de tensions entre l’État et les multinationales minières, alors que Bamako cherche à récupérer les impôts et redevances non perçus, estimés entre 300 et 600 milliards de francs CFA à l’issue d’un audit mené en 2023. Si le versement de Barrick marque une avancée dans ces négociations, il reste des incertitudes sur la mise en œuvre de l’accord, notamment en ce qui concerne l’application du nouveau code minier et la date effective de reprise des opérations.

L’annonce de cet accord a eu un impact immédiat sur le marché, avec une hausse de 2,96 % du cours de l’action Barrick Gold, atteignant un pic mensuel à 19,04 dollars avant de clôturer à 18,78 dollars. La mine de Loulo-Gounkoto représente environ 15 % de la production annuelle de la compagnie, ce qui explique l’inquiétude des investisseurs face aux tensions persistantes entre Bamako et les acteurs du secteur extractif. Toutefois, l’absence de prévisions de production pour 2025 soulève des interrogations sur la stabilité de l’exploitation. Le conflit avait déjà empêché Barrick de reprendre ses activités, et l’accord annoncé pourrait échouer si les négociations passent par certaines conditions. Le gouvernement malien reste ferme sur l’application du cadre réglementaire mis en place pour accroître les revenus issus de l’or, un secteur clé de son économie.

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Malgré cette avancée, plusieurs zones d’ombre demeurent. On ignore encore si le paiement de 50 milliards de francs CFA effectué par Barrick en 2024 sera déduit du montant total. De plus, le Mali a déjà connu un précédent accord annoncé en septembre 2024 qui n’a pas été finalisé. La méfiance reste donc de mise quant à l’exécution effective des engagements pris par les deux parties. Pour Bamako, cette victoire partielle s’inscrit dans une politique de contrôle accru des ressources minières et de renégociation des contrats avec les compagnies étrangères. Le pays a déjà obtenu 500 milliards de francs CFA d’autres sociétés minières en 2024. Reste à voir si cet accord avec Barrick marquera un tournant durable ou s’il sera, comme par le passé, un énième épisode d’un bras de fer entre l’État malien et les géants de l’extraction aurifère.

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