Les tensions entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo plongent leurs racines dans une histoire complexe remontant au génocide rwandais de 1994. Depuis lors, les deux pays s’accusent mutuellement de déstabilisation. Le Rwanda affirme que la RDC abrite les forces génocidaires des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), tandis que Kinshasa dénonce le soutien rwandais au groupe rebelle M23 qui contrôle de vastes territoires dans l’est congolais. Cette instabilité régionale s’est intensifiée fin 2023 avec l’offensive du M23 qui a conquis des villes stratégiques comme Goma et Bukavu, provoquant déplacements massifs de populations et crise humanitaire. La communauté internationale, particulièrement l’Union européenne et l’ancienne puissance coloniale belge, s’est progressivement impliquée dans ce conflit aux conséquences régionales dramatiques.
La Belgique dans le collimateur de Kigali
Le Rwanda a pris une décision diplomatique radicale ce lundi 17 mars en rompant ses relations avec la Belgique. Cette rupture survient dans un climat d’hostilité croissante entre les deux pays. Le ministère rwandais des Affaires étrangères a notifié au gouvernement belge cette décision « avec effet immédiat », accompagnée d’un ultimatum de quarante-huit heures pour que les diplomates belges quittent le territoire rwandais.
Kigali justifie cette mesure par ce qu’il qualifie de « tentatives pitoyables » de Bruxelles de « maintenir ses illusions néocoloniales ». Les autorités rwandaises accusent la Belgique d’avoir « pris parti » pour la RDC « bien avant et pendant le conflit en cours » et de se « mobiliser systématiquement contre le Rwanda dans différents forums, utilisant mensonges et manipulations ».
Sanctions européennes et escalade diplomatique
Cette rupture diplomatique intervient après l’adoption par l’Union européenne de sanctions contre des personnalités rwandaises, une initiative fortement poussée par la Belgique. Ces mesures punitives visent à répondre au soutien présumé de Kigali à l’offensive du groupe rebelle M23 en RDC.
La Belgique, particulièrement critique envers le Rwanda depuis le début de l’offensive du M23 en décembre, avait notamment refusé de soutenir une nouvelle aide de 20 millions d’euros accordée au Rwanda en novembre et avait appelé l’UE à envisager des sanctions contre Kigali fin janvier.
Face à la décision rwandaise, Bruxelles a qualifié cette rupture de « disproportionnée » et a annoncé à son tour déclarer persona non grata les diplomates rwandais présents sur son sol. Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a déploré sur le réseau social X que « lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer ».
Pour Kigali, cette décision reflète « l’engagement du Rwanda à protéger ses intérêts nationaux et la dignité des Rwandais, ainsi qu’à défendre les principes de souveraineté, de paix et de respect mutuel ». Cette escalade diplomatique marque une nouvelle détérioration des relations entre l’Europe et le Rwanda, avec des répercussions potentiellement importantes sur la stabilité régionale en Afrique centrale.
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