La République centrafricaine entend rompre avec les cycles de dépendance alimentaire et amorcer une véritable révolution agricole. Pour y parvenir, Bangui parie sur un partenariat de poids avec l’Inde, symbole de coopération Sud-Sud ambitieuse et pragmatique. Un pari à un milliard de dollars.
Dans un contexte régional marqué par l’insécurité alimentaire et la volatilité des marchés, la République centrafricaine semble vouloir prendre le taureau par les cornes. Le gouvernement vient de conclure deux conventions majeures avec le conglomérat indien Mahasakhti, un acteur incontournable dans le domaine de l’agrobusiness. L’objectif est de développer une agriculture industrielle et durable, à fort potentiel économique et social.
Le partenariat, évalué à près de 1 milliard de dollars, prévoit un vaste programme d’investissements dans la production intensive de canne à sucre et de manioc, deux filières porteuses à la fois sur le plan local et international. Le manioc, vivrier par excellence, pourrait connaître une seconde vie en tant que matière première dans l’agro-industrie (amidonneries, bioéthanol, alimentation animale), tandis que la canne à sucre, elle, ouvre la voie à la production d’éthanol et de sucre raffiné à grande échelle.
Mais l’ambition va bien au-delà des simples plantations. Il s’agit de bâtir un écosystème agricole complet : infrastructures d’irrigation, unités de transformation, zones de stockage, centres de formation pour les jeunes agriculteurs. À terme, des milliers d’emplois directs et indirects pourraient être générés, dans un pays où plus de 75 % de la population vit encore de l’agriculture de subsistance.
Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique de redéfinition des priorités nationales. Après des décennies d’instabilité, la Centrafrique cherche à ancrer son développement dans la terre, dans la transformation locale, et dans les alliances stratégiques à long terme. Le choix de l’Inde n’est pas anodin. New Delhi est reconnu pour son savoir-faire dans l’agriculture tropicale, son expérience dans les chaînes de valeur agricoles et sa volonté de renforcer sa présence en Afrique.
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