Joël Aïvo a été arrêté le 15 avril 2021, à Godomey-Togoudo, alors qu’il revenait des cours à l’université d’Abomey-Calavi. Professeur de droit constitutionnel et figure de l’opposition au Bénin, son arrestation ouvre la voie à une procédure judiciaire qui a suscité de vives réactions tant au niveau national qu’international et mis en lumière les tensions politiques et les questions relatives à l’État de droit au Bénin.
Frédéric Joël Aïvo a été accusé de « blanchiment de capitaux » et de « complot contre l’autorité de l’État ». Le 7 décembre 2021, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) l’a condamné à dix ans de prison ferme et à une amende de 45 millions de francs CFA. Deux de ses co-accusés ont écopé de la même peine, tandis que le comptable Alain Gnonlonfoun a été acquitté.
Ses avocats ont dénoncé une procédure politique, affirmant que l’objectif était de « faire plaisir à quelqu’un ». « Ce dossier est vide, la procédure pénale est devenue un instrument de terreur. On assiste à un recul généralisé des libertés publiques. Tout ça me rappelle les procès politiques d’antan, lorsque le Bénin était un pays instable et coutumier des coups d’Etat. On peut faire appel de la décision de la Criet pour la forme, mais je vous avoue que notre client n’est pas chaud pour cela », explique l’ancien Bâtonnier et avocat béninois Me Robert Dossou.
« On a beau me promener de juge en juge, me maintenir en prison, me faire porter le masque d’un criminel, tenter de délégitimer mon combat pour la démocratie, je ne serai jamais le criminel qu’on a voulu fabriquer et que je n’ai jamais été dans ma vie », s’est exprimé à la barre Joël Aïvo. Cette condamnation a été perçue par de nombreuses organisations internationales comme une atteinte à l’État de Droit et à la démocratie au Bénin. L’Onu a demandé la libération immédiate de Joël Aïvo, qualifiant sa détention d’arbitraire et contraire au Droit international. L’affaire Joël Aïvo a exacerbé les tensions politiques au Bénin. Elle a mis en lumière les divergences entre le pouvoir en place et l’opposition.
Né le 18 juillet 1973 à Porto-Novo, Joël Aïvo est un éminent constitutionnaliste. Doyen de la Faculté de droit et de science politique de l’Université d’Abomey-Calavi entre 2016 et 2019, il était également président de l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc) de sa création en 2009 jusqu’en 2020. En 2021, sa candidature à l’élection présidentielle a été rejetée par la Commission électorale nationale autonome (Cena), ce qui a renforcé son image d’opposant au régime de la rupture. Quatre ans après ses évènements et malgré tous les appels, le professeur comme les béninois se plaisent à l’appeler reste toujours dans les liens de la détention. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp du journal La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
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