OTAN : hausse du budget pour faire face aux pressions américaines ?

Getty Images / AFP/VALERIA MONGELLI

Face à un désengagement budgétaire progressif des États-Unis, l’OTAN revoit ses équilibres internes. Le secrétaire général, Mark Rutte, appelle les pays membres à « prendre leurs responsabilités ». Le temps où les États-Unis portaient à bout de bras la sécurité européenne semble révolu. L’OTAN, plus grande alliance militaire au monde, se retrouve à un tournant décisif. Dans son rapport annuel, le tout nouveau secrétaire général Mark Rutte a lancé un appel pressant aux 32 pays membres à assumer collectivement le poids financier et stratégique de leur propre défense.

Le signal venu de Washington est clair. L’Amérique souhaite moins payer, et en faire moins. Face à un retour en force du discours isolationniste aux États-Unis, la pression monte sur les alliés européens. Ceux-ci sont invités à intensifier leur engagement, en termes de budget, de capacités militaires et de volonté politique. « En 2025, nous devons accroître considérablement nos efforts pour que l’OTAN reste une source essentielle d’avantages militaires pour tous nos pays », a insisté Rutte.

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Ce message sonne comme un avertissement. La sécurité euro-atlantique ne peut plus reposer majoritairement sur les épaules d’un seul pays, aussi puissant soit-il. Loin d’être théorique, le problème est chiffrable. Depuis des décennies, les USA financent environ 70 % des dépenses militaires de l’OTAN. En contrepartie, les Européens peinent à atteindre l’objectif fixé consacré à la défense, malgré les promesses répétées.

Pour Mark Rutte, ancien Premier ministre néerlandais rompu aux subtilités du compromis européen, le statu quo n’est plus tenable. L’OTAN cherche ainsi à instaurer de nouveaux mécanismes de contribution. Partage plus équitable des coûts, planification conjointe des acquisitions, renforcement des chaînes logistiques militaires européennes, mutualisation des stocks de munitions. Cette évolution soulève la question suivante ?

L’Europe est-elle prête à assumer une forme d’autonomie stratégique, ou restera-t-elle durablement dépendante de l’ombrelle américaine ? Si certains pays, comme la France ou la Pologne, militent pour une montée en puissance rapide, d’autres restent frileux, craignant les coûts et les tensions intra-européennes. Au-delà des chiffres, c’est la crédibilité de l’OTAN qui est en jeu, dans un monde où les menaces évoluent vite. L’Alliance doit prouver qu’elle peut s’adapter à ces nouveaux défis sans se fissurer. Le message de Rutte est un rappel sur le fait que l’OTAN doit demeurer un pilier réellement multilatéral, où chaque membre pèse, agit et investit à hauteur de ses engagements.

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