Rivalités au Maghreb: ce qu’il faut savoir sur les derniers épisodes

Photo d'illustration : Pixabay

L’antagonisme entre le Maroc et l’Algérie remonte à plusieurs décennies, notamment depuis la « Guerre des Sables » de 1963, premier affrontement militaire après leurs indépendances respectives. Cette hostilité s’est intensifiée avec le conflit du Sahara occidental, que le Maroc considère comme partie intégrante de son territoire, tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario et sa revendication d’autodétermination. La rupture des relations diplomatiques en 1976, suivie d’une brève normalisation dans les années 1980, puis d’une nouvelle fermeture des frontières en 1994, illustre cette méfiance persistante. En août 2021, l’Algérie a de nouveau rompu ses relations avec Rabat, accusant le royaume de « pratiques hostiles« . Cette rivalité géopolitique s’exprime désormais également dans le cyberespace, transformant internet en nouveau champ de bataille régional.

Le numérique comme extension du conflit traditionnel

La cyberguerre entre pirates informatiques marocains et algériens a franchi un nouveau cap cette semaine. Le groupe algérien JabaRoot DZ a déclenché les hostilités mardi en annonçant avoir infiltré la Caisse nationale de sécurité sociale marocaine. Cette intrusion aurait permis de dérober des données sensibles concernant les salaires de deux millions de personnes travaillant dans environ 500 000 entreprises.

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La réaction marocaine ne s’est pas fait attendre. Des collectifs de hackers marocains ont rapidement ciblé plusieurs institutions publiques algériennes. Le site de la Mutuelle générale des Postes et Télécommunications ainsi que celui du ministère algérien du Travail ont été temporairement mis hors service. Plus significatif encore, un groupe marocain a publié un fichier de 34 gigaoctets contenant des données confidentielles extraites du ministère de l’Industrie pharmaceutique algérien, comprenant des documents internes et des communications sensibles.

Telegram: théâtre d’une guerre invisible

Les plateformes de messagerie, particulièrement Telegram, sont devenues les vitrines privilégiées pour ces opérations numériques. Ces canaux servent à la fois à revendiquer les attaques, publier les données volées et proférer des menaces futures.

Le dernier développement notable de cette escalade est survenu samedi, lorsque le collectif algérien DDOS54 a annoncé sur Telegram avoir lancé une « campagne majeure » contre les infrastructures numériques gouvernementales marocaines. Dans un message au ton combatif, le groupe a affirmé vouloir « paralyser les systèmes numériques du gouvernement marocain et désactiver l’ensemble de ses services électroniques » pendant une période de 15 jours. Ils présentent cette initiative comme une riposte aux « violations numériques » attribuées aux pirates marocains.

DDOS54 revendique déjà plusieurs perturbations réussies. Le site du ministère marocain de l’Agriculture demeurait inaccessible dans la nuit de samedi à dimanche. Le portail du ministère chargé des relations avec le Parlement, momentanément hors service, a depuis été restauré. Quant au portail fiscal Tax.gov.ma, il affichait un message de maintenance au moment des faits.

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Cette succession d’attaques et contre-attaques informatiques témoigne de la transposition des tensions régionales historiques vers le domaine numérique, ajoutant une dimension contemporaine à un conflit déjà profondément enraciné.

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