La tempête judiciaire tant attendue a fini par éclater. Ce lundi, le Sénégal a franchi une étape décisive dans le traitement du dossier explosif lié à la gestion des fonds alloués à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Une série d’interpellations ciblant des personnalités influentes du régime précédent marque le début d’une séquence inédite dans l’histoire politico-judiciaire du pays.
Pendant des mois, l’affaire avait alimenté les discussions dans les foyers, les plateaux télé et les réseaux sociaux : qu’en était-il réellement de l’utilisation des milliards débloqués en urgence pour faire face à la crise sanitaire ? L’audit publié en 2022 par la Cour des comptes avait déjà jeté une lumière crue sur de nombreuses irrégularités, sans pour autant déboucher sur des poursuites concrètes. C’est désormais chose faite.
Selon des informations rapportées par Libération, plusieurs arrestations ont été effectuées au terme d’une opération discrète, mais musclée menée par les autorités judiciaires. Sont concernés : d’anciens hauts cadres de l’administration, des responsables d’associations ayant bénéficié de subventions, des opérateurs économiques, mais aussi des figures du monde artistique et commercial. Tous sont soupçonnés d’avoir participé, à divers niveaux, à un système opaque de détournement, de surfacturation ou d’attribution douteuse de marchés.
Au-delà du simple volet pénal, ce tournant judiciaire soulève des enjeux de gouvernance et de crédibilité pour l’actuel pouvoir. L’ère post-Macky Sall semble vouloir se démarquer par une volonté affichée de restaurer la confiance dans les institutions. Le message est clair, plus de zones grises dans la gestion des deniers publics.
Les premiers éléments de l’enquête pointent notamment vers des achats fictifs, des contrats passés de gré à gré sans justificatif, et des fonds transférés à des structures fantômes. Le montage, aussi sophistiqué qu’il ait pu être, n’a visiblement pas résisté à la persévérance des enquêteurs.
Cette affaire, qui pourrait s’élargir dans les semaines à venir, ne manquera pas de raviver le débat sur la responsabilité des dirigeants et le poids des anciens réseaux de pouvoir dans la nouvelle configuration politique. Pour certains observateurs, il ne s’agit pas simplement de solder les comptes d’une époque, mais bien d’ouvrir une nouvelle page où l’exemplarité publique ne sera plus une promesse, mais une exigence
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