Les relations entre Washington et Pékin traversent une période particulièrement houleuse depuis la réélection de Donald Trump à la présidence américaine. Les récentes tensions commerciales entre les deux puissances mondiales ont atteint un niveau sans précédent ces dernières années. En avril 2025, Pékin a riposté aux mesures américaines en augmentant ses droits de douane sur les produits américains de 84% à 125%. Cette riposte répond directement aux taxes douanières historiquement élevées imposées par Washington, qui atteignent jusqu’à 145% sur certaines catégories de produits chinois. Cette guerre tarifaire reflète une volonté mutuelle de protéger les industries nationales tout en pénalisant les pratiques jugées déloyales. Au-delà des échanges bilatéraux, cette escalade génère une volatilité sur les marchés financiers internationaux et renchérit le coût des importations, affectant tant le pouvoir d’achat des consommateurs que les chaînes d’approvisionnement mondiales. Toutefois, la Chine dispose d’un levier de négociation considérable mais rarement évoqué dans le débat public: sa détention massive de la dette américaine.
La dette américaine: l’épée de Damoclès financière
La Chine possède environ 700 milliards de dollars de bons du Trésor américain, ce qui en fait l’un des principaux créanciers étrangers des États-Unis. Cette situation place Pékin dans une position stratégique unique. Selon les propos recueillis par le site Les Affaires, Sébastien McMahon, analyste financier, évoque la possibilité que Pékin utilise ces avoirs comme instrument de pression contre Washington en procédant à des cessions massives de titres du Trésor.
Une telle manœuvre entraînerait des conséquences potentiellement dévastatrices pour l’économie américaine. Des ventes à grande échelle provoqueraient une dépréciation de ces titres sur les marchés, poussant mécaniquement les taux obligataires à la hausse. Le gouvernement américain se verrait alors contraint d’emprunter à des coûts supérieurs lors du refinancement de sa dette, compromettant significativement sa capacité à réduire son endettement.
Un jeu d’équilibriste aux conséquences globales
Ce paramètre modifie fondamentalement l’équation des relations sino-américaines. D’après McMahon, interrogé par Les Affaires, ce phénomène pourrait provoquer une augmentation en cascade des taux d’intérêt, créant un risque inédit pour l’économie américaine, absent depuis près de deux décennies et qui s’impose désormais comme une préoccupation prioritaire.
Les décisions récentes de l’administration Trump témoignent de cette complexité. Le président américain a décrété cette semaine l’application de droits de douane de 10% sur les importations mondiales, excepté celles provenant de Chine. Cette annonce a généré une hausse temporaire des indices boursiers le 9 avril, suivie d’un repli dès le lendemain.
Cette dynamique révèle la fragilité des marchés face aux tensions géopolitiques entre les deux superpuissances. Si la guerre commerciale accapare l’attention médiatique, c’est bien la menace d’une utilisation stratégique de la dette américaine par la Chine qui constitue désormais une préoccupation majeure pour les acteurs financiers. Cette « arme financière » chinoise pourrait s’avérer bien plus redoutable que les représailles commerciales traditionnelles dans le bras de fer qui oppose les deux premières économies mondiales.
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