Uranium du Niger : le français Orano désemparé après une nouvelle offensive

Depuis plusieurs mois, les relations entre le groupe français Orano, héritier d’Areva, et les autorités nigériennes se sont considérablement détériorées. Le point de friction majeur : la volonté du Niger de reprendre le contrôle de ses ressources naturelles, en particulier l’uranium, longtemps exploité par des entreprises étrangères sans retombées jugées suffisantes pour le pays. Les responsables nigériens dénoncent une relation déséquilibrée et réclament plus de transparence, une meilleure redistribution des revenus issus de l’exploitation minière et une implication renforcée de l’État dans la gestion des filiales locales comme Somaïr et Cominak. Dans cette logique, les contrats passés ont été remis en question et les négociations entamées se sont enlisées, accentuant une méfiance déjà palpable.

Un climat de rupture et de défiance

La tension a franchi un nouveau cap ce lundi 5 mai, lorsqu’une intervention des forces de l’ordre a visé les bureaux de Somaïr, Cominak et Orano Mining Niger à Niamey. Selon l’Agence France-Presse, des équipements auraient été saisis et les accès aux locaux interdits au personnel. Le lendemain, le groupe Orano faisait part de son désarroi : ses représentants restaient injoignables, et l’ensemble de ses activités semblait paralysé. Cette situation, qualifiée de “très préoccupante” par la direction du groupe, illustre un tournant dans la stratégie des autorités nigériennes, qui semblent vouloir passer à l’acte pour faire entendre leurs revendications.

À travers ces actions, Niamey cherche visiblement à exercer une pression concrète sur Orano, que beaucoup perçoivent comme un vestige d’une époque où les décisions concernant l’uranium nigérien se prenaient ailleurs qu’au Niger. Le message est clair : le pays entend reprendre les rênes de sa souveraineté économique. Une politique de rupture qui marque un changement profond dans les équilibres historiques entre l’exploitant français et son partenaire africain.

Orano dans la tourmente, le Niger en quête de rééquilibrage

Pour Orano, cette offensive représente une secousse majeure. Non seulement le groupe voit ses opérations interrompues, mais il se retrouve aussi en position d’attente, incapable de comprendre pleinement l’ampleur des décisions prises par les autorités nigériennes. Le silence autour de son représentant local, impossible à joindre depuis plusieurs heures, renforce ce sentiment d’impuissance. La société, dont l’activité au Niger représente un pilier stratégique, doit désormais naviguer à vue dans un environnement devenu hostile.

Pour Niamey, cette démonstration de force s’apparente à une mise en garde. Il ne s’agit plus seulement de réviser des contrats, mais d’imposer une nouvelle dynamique de gouvernance des ressources naturelles. Dans ce bras de fer, le gouvernement semble s’appuyer sur un soutien populaire nourri par un ressentiment ancien : celui d’avoir vu pendant trop longtemps ses richesses quitter le pays sans bénéfices tangibles pour sa population. Les actions entreprises apparaissent alors comme un écho aux nombreuses voix qui réclament justice économique et réappropriation des leviers de développement.

Vers un nouveau modèle de coopération minière ?

L’affaire Orano-Niger s’inscrit dans un mouvement que d’autres pays producteurs ont amorcé : redéfinir les termes de leur partenariat avec les grandes compagnies minières. Pour Niamey, il ne s’agit pas de rejeter toute collaboration étrangère, mais de l’encadrer selon des critères plus équitables. Cela pourrait passer par des coentreprises mieux équilibrées, une transparence accrue sur les revenus générés, et une part plus importante accordée aux acteurs locaux dans la chaîne de valeur.

Face à ces bouleversements, Orano se trouve à un carrefour stratégique. Soit le groupe parvient à reconstruire une relation de confiance avec les autorités nigériennes sur de nouvelles bases, soit il risque une marginalisation progressive. Le cas du Niger pourrait par ailleurs inspirer d’autres pays africains, lassés de dépendre de modèles hérités d’anciennes puissances coloniales.

En attendant, à Niamey, les portes restent closes pour les salariés d’Orano, et l’incertitude grandit sur la suite. Derrière les péripéties de cette crise, se joue peut-être l’amorce d’un nouvel équilibre entre États producteurs et industries extractives.

1 réflexion au sujet de « Uranium du Niger : le français Orano désemparé après une nouvelle offensive »

  1. L’Occident pille les ressources de l’Afrique depuis des siécles.
    Ce n’est pas normal !
    Cela dit, en Syrie, les USA pompent le pétrole avec ZERO retombée pour le pays. Du vol à l’état pur !

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