À l’échelle internationale, le secteur automobile vit une transformation sans précédent. Face à la montée en puissance des véhicules hybrides et électriques, les géants de l’automobile cherchent à adapter leurs modèles industriels à des exigences nouvelles : décarbonation, montée en gamme technologique, proximité des marchés de consommation et réduction des coûts logistiques. Dans cette dynamique, certains pays émergent comme des plateformes industrielles stratégiques, à l’image du Maroc, qui renforce progressivement sa place sur l’échiquier mondial.
Kénitra, cœur battant de la stratégie de Stellantis
Le groupe Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, vient de franchir un cap décisif dans son implantation marocaine. Son usine de Kénitra, déjà emblématique de la montée en puissance du pays dans la filière automobile, bénéficie désormais d’une extension massive à hauteur de 1,2 milliard d’euros. Objectif affiché : porter à 75 % le taux d’intégration locale d’ici 2030, tout en créant 3 100 emplois directs.
Au-delà de l’enjeu industriel, ce développement reflète la confiance durable du groupe dans l’environnement marocain, où il opère depuis 2016. Le site, déjà renforcé par une première phase d’expansion bouclée bien avant les prévisions initiales, voit désormais sa capacité élargie à la fois en volume de production et en diversification des gammes. Depuis janvier 2025, l’usine a triplé la cadence de production de modèles urbains 100 % électriques, comme la Citroën Ami, l’Opel Rocks-e et la Fiat Topolino, avec 70 000 unités produites chaque année.
Un écosystème tourné vers l’innovation
L’investissement de Stellantis ne se limite pas à l’assemblage de véhicules. L’usine de Kénitra s’est lancée en mai 2025 dans la production de moteurs MHEV (Mild Hybrid Electric Vehicles), symbole d’une transition énergétique pensée en cohérence avec les nouvelles attentes des marchés. Avec 350 000 moteurs produits chaque année, la plateforme confirme sa vocation de centre névralgique de l’innovation pour le groupe. Une nouvelle étape est d’ores et déjà programmée avec l’arrivée, en novembre 2026, d’une phase dédiée à l’usinage de pièces, renforçant ainsi la spécialisation technique du site.
Autre signal fort : le lancement de la fabrication de tricycles électriques et de bornes de recharge, preuve que l’entreprise anticipe les besoins en solutions de mobilité urbaine dans les métropoles d’Afrique et d’ailleurs. Ce type de production, à la croisée de l’électromobilité légère et de l’ingénierie durable, illustre une vision plus large de l’usine, pensée non plus seulement comme un site de production mais comme un levier d’innovation appliquée.
Un partenariat public-privé stratégique
Le projet de Kénitra ne repose pas uniquement sur la stratégie du groupe. Il est aussi le fruit d’une étroite coordination avec les autorités marocaines, qui accompagnent depuis près d’une décennie l’essor de la filière automobile dans le royaume. Cette coopération a permis de construire un écosystème compétitif, appuyé par des infrastructures de qualité, des politiques incitatives ciblées, et une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée. Le site avait d’ailleurs été inauguré en 2019 par le Roi Mohammed VI, un signal fort de l’importance accordée au secteur.
Le pari semble payant : le Maroc, désormais cité en exemple pour sa capacité à attirer les grands industriels, voit son industrie automobile devenir un pilier de ses exportations. Et Stellantis, en renforçant sa présence, affirme son intention de faire du pays un maillon stratégique de sa production entre l’Europe et l’Afrique.



