Le Bénin fait face à une menace agricole sans précédent. Les effets du changement climatique, de plus en plus intenses, pourraient se traduire par des pertes économiques colossales, estimées à plus de 201 milliards de francs CFA à l’horizon 2030. Une situation alarmante qui pousse la Banque africaine de développement (BAD) à réagir en urgence, débloquant un financement de 18,15 milliards de FCFA pour soutenir le secteur agricole béninois.
Les projections de la BAD sont préoccupantes : le pays pourrait enregistrer une chute de 22 % de ses rendements en coton, sa principale culture d’exportation, et une baisse de 6,3 % pour le maïs, denrée de base essentielle à l’alimentation des populations. Sécheresses prolongées, pluies imprévisibles et inondations récurrentes sont les symptômes d’une crise climatique qui menace directement la sécurité alimentaire et les revenus de milliers de familles rurales. Un agriculteur sur quatre serait déjà en situation d’insécurité alimentaire dans certaines régions du Nord, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale.
Face à ce tableau sombre, le Conseil d’administration du Groupe de la BAD a donné son feu vert à un financement de 30,25 millions de dollars, soit environ 18,15 milliards de francs CFA. Cet appui est destiné à un programme de protection climatique et de résilience agricole, ciblant environ 150 000 producteurs, particulièrement ceux des zones vulnérables du Nord-Bénin.
Robert Masumbuko, représentant résident de la BAD au Bénin, a souligné l’importance de cet appui : « Cet investissement représente notre engagement à renforcer la résilience climatique du secteur agricole béninois tout en répondant aux besoins urgents des communautés agricoles vulnérables. » Il a également précisé que l’objectif est d’introduire des outils innovants de gestion des risques et de renforcer les capacités locales, aidant ainsi les agriculteurs à s’adapter au changement climatique tout en prévenant les conflits et en promouvant la cohésion sociale dans les zones frontalières fragiles.
Les départements de l’Alibori et de l’Atacora, déjà fortement impactés par l’instabilité climatique, bénéficieront en première ligne de cette aide. Ce programme s’inscrit dans la vision globale du gouvernement béninois de moderniser son agriculture tout en intégrant des stratégies de résilience climatique, considérées comme une condition sine qua non pour garantir la sécurité alimentaire et la stabilité économique du pays à l’horizon 2030.



