Climat : Trump veut mettre fin à une surveillance stratégique

Les États-Unis pourraient se priver de deux instruments essentiels à la surveillance du climat mondial. L’administration Trump a demandé à la NASA de préparer la fin des missions OCO‑2 et OCO‑3, satellites dédiés à la mesure précise du dioxyde de carbone dans l’atmosphère rapporte Les numériques. Une décision à fort impact scientifique et politique.

Des observatoires climatiques à haute valeur ajoutée

L’Orbiting Carbon Observatory-2 (OCO‑2) et son jumeau, OCO‑3, installé sur la Station spatiale internationale, sont à ce jour les seuls satellites fédéraux spécifiquement conçus pour suivre les concentrations de CO₂ sur la planète. Leur mission ne se limite pas à la simple détection des gaz à effet de serre : ils mesurent également la photosynthèse et la croissance végétale, produisant des données essentielles pour l’agriculture, la gestion des ressources naturelles et la prévention de crises alimentaires.

Depuis leur mise en service, ces outils ont généré des cartes inédites de la distribution du carbone, précieuses pour les chercheurs, les institutions agricoles comme l’USDA, et même pour les décideurs en matière de sécurité. Pour David Crisp, ancien responsable des instruments, les satellites OCO ont un rôle stratégique : « C’est une question de sécurité nationale », affirme-t-il.

Une décision critiquée pour ses motivations idéologiques

Le plan envisagé par la Maison-Blanche consisterait à désorbiter OCO‑2, condamné à se désintégrer dans l’atmosphère, tandis qu’OCO‑3 pourrait être transféré à des acteurs privés ou universitaires. Le coût annuel de maintenance — 15 millions de dollars — représente pourtant une part infime du budget global de la NASA, estimé à 25,4 milliards de dollars. Les scientifiques dénoncent une logique avant tout politique.

Pour plusieurs experts, cette orientation traduit le scepticisme assumé de Donald Trump face au changement climatique, déjà perceptible lors de son premier mandat. Si l’agence spatiale parvient à confier OCO‑3 à des partenaires extérieurs, cela soulèverait toutefois des inquiétudes sur la pérennité de l’accès public aux données climatiques stratégiques.

Une rupture dans la trajectoire américaine de leadership climatique

Ces missions, qui ont coûté 750 millions de dollars à la conception et au lancement, incarnent une forme de diplomatie scientifique par l’observation de la Terre. Leur possible interruption marque une inflexion dans la politique spatiale des États-Unis, longtemps pionniers dans la surveillance environnementale depuis l’espace.

Alors que les enjeux climatiques s’intensifient à l’échelle mondiale, l’abandon de ces instruments interroge sur la volonté américaine de continuer à jouer un rôle moteur dans la compréhension du réchauffement global. D’autant que d’autres puissances comme la Chine et l’Union européenne investissent massivement dans des satellites d’observation climatique de nouvelle génération.

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