Dans le sillage d’un rapprochement diplomatique renforcé entre l’Algérie et le Zimbabwe, les deux pays amorcent une nouvelle étape dans leur partenariat économique, cette fois dans le secteur stratégique de la santé. À Alger, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Wassim Kouidri, a reçu l’ambassadeur zimbabwéen Fusumuzi Ntonga pour discuter d’une coopération élargie dans le domaine des produits pharmaceutiques. Cette rencontre intervient peu de temps après la visite officielle du président Emmerson Mnangagwa en terre algérienne, marquée notamment par la découverte des infrastructures de production du groupe public SAIDAL.
L’Algérie, qui produit environ 79 % de ses besoins pharmaceutiques grâce à sa filière locale, entend désormais se positionner comme un fournisseur de référence pour plusieurs pays africains. Le Zimbabwe, confronté à des défis récurrents dans l’approvisionnement en médicaments, pourrait devenir un partenaire privilégié dans cette stratégie d’expansion vers le sud du continent.
Une offre algérienne soutenue par une base industrielle solide
Avec 218 établissements pharmaceutiques, dont 138 unités de production, le secteur pharmaceutique algérien s’impose comme l’un des plus développés en Afrique du Nord. À cela s’ajoutent 103 projets d’investissement en cours d’évaluation, reflétant une dynamique soutenue d’innovation et de croissance. La majorité de ces projets (près de 70 %) concerne directement la production de médicaments, tandis que les autres visent le secteur des dispositifs médicaux.
Ce tissu industriel offre à l’Algérie la possibilité de répondre rapidement à des commandes à l’export, tout en s’inscrivant dans des logiques de co-développement. Le Zimbabwe, en quête de solutions pérennes pour son système de santé, apparaît comme un partenaire stratégique dans cette optique.
Vers une coopération multidimensionnelle
Au-delà de la simple vente de produits, Alger et Harare envisagent une coopération plus structurée : transfert de technologies, formations techniques, investissements croisés et échanges d’expertise sont au cœur des discussions. Cette approche intégrée vise à poser les fondations d’une autonomie pharmaceutique partagée, en réponse aux vulnérabilités mises en lumière par les crises sanitaires récentes.
Une telle alliance s’inscrit dans une vision continentale plus large, alors que l’Union africaine encourage les États membres à développer des chaînes d’approvisionnement régionales dans le secteur de la santé. La dépendance à l’importation, encore très marquée dans plusieurs pays, freine en effet les efforts en matière de souveraineté sanitaire.
Une stratégie d’influence régionale assumée par Alger
L’Algérie ne cache pas son ambition : faire de son industrie pharmaceutique un levier d’influence régionale. Soutenu par un plan stratégique national axé sur la valorisation de la production locale, l’investissement et l’exportation, ce positionnement vise à renforcer la présence économique de l’Algérie sur les marchés africains tout en contribuant aux objectifs de développement durable de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Face aux géants asiatiques et européens déjà présents en Afrique, l’Algérie mise sur la proximité géographique, la compréhension des réalités locales et une offre de partenariat gagnant-gagnant pour se différencier. Le dialogue engagé avec le Zimbabwe pourrait ainsi servir de modèle reproductible dans d’autres pays à la recherche de solutions industrielles locales dans le domaine de la santé.


