Nucléaire lunaire : le Canada veut concurrencer la Chine, la Russie et les USA

Le Canada vient d’ajouter une pièce inattendue à la course vers la Lune. En finançant à hauteur d’un million de dollars la Canadian Space Mining Corporation (CSMC), l’Agence spatiale canadienne (ASC) veut prouver que le pays peut aussi participer à la conquête énergétique du satellite terrestre rapporte Yahoo Finance. L’entreprise a pour mission de concevoir un réacteur nucléaire faiblement enrichi à l’uranium, capable de fonctionner sur la Lune. Ce dispositif miniature, transportable et autonome, pourrait alimenter les futures installations humaines et robotiques lors des missions lunaires à venir.

Le geste financier, modeste à première vue, traduit pourtant une volonté stratégique : ne pas rester simple spectateur dans la course à l’énergie spatiale. Alors que le Canada ne dispose pas encore de son propre lanceur spatial, il mise sur son expertise technologique — notamment celle acquise avec les célèbres bras robotiques Canadarms — pour se positionner dans les domaines où il excelle : la robotique, les systèmes énergétiques et l’ingénierie de précision.

Ce projet intervient à un moment charnière pour le pays : l’astronaute canadien Jeremy Hansen s’apprête à embarquer à bord d’Artemis 2, la mission de la NASA prévue pour février, qui marquera le retour de l’humanité vers la Lune après plus d’un demi-siècle d’absence. Derrière cette symbolique, Ottawa veut déjà préparer la prochaine étape : alimenter durablement les futures bases lunaires.

Les puissances mondiales à l’assaut de la Lune

Le pari canadien s’explique aussi par le fait que les grandes puissances se positionnent déjà sur ce créneau stratégique. La Chine et la Russie ont annoncé leur intention de bâtir une station de recherche lunaire internationale (ILRS) dotée d’un réacteur nucléaire capable d’assurer son autonomie énergétique d’ici à 2035. Le projet, supervisé par Roscosmos et l’Agence spatiale chinoise, prévoit un assemblage automatisé de la centrale sans présence humaine, un exploit technique encore en phase de conception.

Face à cette coopération orientale, les États-Unis accélèrent aussi leurs travaux. La NASA développe un système baptisé Fission Surface Power, un réacteur compact d’une puissance de 40 à 100 kilowatts destiné à être opérationnel vers 2030. L’objectif : permettre aux missions Artemis de tenir la durée sur un sol où la nuit dure 14 jours terrestres et où le froid extrême rend les panneaux solaires inopérants.

En se joignant à cette rivalité technologique, le Canada revendique une place dans la compétition énergétique spatiale. Il ne s’agit plus seulement de planter un drapeau, mais d’apporter la lumière et la chaleur nécessaires à la survie humaine sur la Lune.

De la robotique aux réacteurs : une nouvelle ère canadienne

Pour l’Agence spatiale canadienne, la recherche sur le nucléaire lunaire ouvre un champ d’application inédit. Au-delà de l’énergie, ces travaux pourraient nourrir la conception de systèmes de production d’électricité autonomes dans des milieux extrêmes, de l’Arctique aux futures missions martiennes. Le développement du réacteur de CSMC permettra aussi de mobiliser les compétences nationales dans la physique nucléaire, la métallurgie et l’automatisation avancée, renforçant un écosystème déjà reconnu dans la recherche aérospatiale.

En misant sur une technologie de niche plutôt que sur la construction de fusées géantes, Ottawa adopte une stratégie d’agilité et de spécialisation. Si le pari réussit, le pays pourrait devenir le fournisseur énergétique des missions internationales, transformant son statut d’allié discret en acteur indispensable.

Une ambition au-delà du million

Un million de dollars ne suffira évidemment pas à propulser un réacteur sur la Lune, mais cette somme symbolise une entrée officielle du Canada dans la course à l’énergie lunaire. Ce premier financement servira à élaborer un prototype et à valider les principes physiques du projet. La prochaine étape, plus coûteuse, visera la construction et la qualification du modèle final.

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