Un jeu vidéo, c’est avant tout des images qui bougent sur un écran. Plus ces images sont belles et fluides, meilleures sont les chances de pouvoir trouver écho auprès du public. Mais pour créer ces images, il faut du matériel puissant. Pour fabriquer un jeu complet avec ces images, il faut des outils logiciels performants. Et pour que des millions de personnes puissent y jouer simultanément depuis n’importe où, il faut une infrastructure de distribution massive.
On schématise bien sûr, mais ce sont en quelque sorte ces trois piliers déterminent l’évolution du secteur : le matériel graphique, les logiciels de création, et les systèmes de distribution. Sans progrès sur ces trois fronts, cette industrie à 234 milliards (en 2025) stagnerait tout bonnement.
Les puces graphiques rendent les jeux de plus en plus réalistes
En réponse aux mouvements des personnages, un jeu vidéo doit afficher des dizaines d’images par seconde sur votre écran (ce qu’on appelle les “FPS” dans le jargon). Chaque image contient des millions de points lumineux appelés pixels. Calculer tous ces pixels, leur couleur, leur position, leur luminosité, demande une puissance de calcul. C’est là le travail du GPU, le processeur graphique.
Cette pièce électronique détermine la qualité visuelle d’un jeu… exactement comme le moteur d’une voiture détermine sa vitesse de pointe. Dans les années 90, un jeu comme Mario affichait quelques milliers de pixels carrés et plats. Les décors tenaient sur un seul écran fixe, les personnages étaient assez simplistes. Cette limitation venait directement de la puissance des processeurs graphiques de l’époque.
Aujourd’hui, un jeu moderne calcule des millions de pixels soixante fois par seconde. Si la lumière rebondit de façon réaliste sur les surfaces, et que l’eau reflète le paysage environnant, cela provient directement des progrès réalisés sur les GPU modernes. Les entreprises qui fabriquent ces puces, principalement Nvidia (États-Unis) et AMD (Taïwan), lancent une génération tous les deux ans environ. Chaque génération doublant approximativement la puissance de la précédente !
Et il n’y pas que les jeux de console et de PC qui en profitent. Des jeux plus “sérieux” comme les jeux d’argent en profitent aussi. C’est le cas des machines à sous, ces jeux de casino où des symboles tournent sur des rouleaux et s’alignent pour former des combinaisons gagnantes. Les studios rivalisent de créativité pour proposer univers thématiques très divers : Grèce antique, Égypte ancienne, tombes Incas, etc. On appelle cela des “video slots” dans le milieu, et cela fait un tabac auprès des joueurs.
Le meilleur casino en ligne n’hésite pas en proposer jusqu’à 3000 dans son catalogue, issus de développeurs/éditeurs britanniques essentiellement. Une des plus connues est certainement Gonzo’s Quest, mettant en scène un explorateur espagnol. Elle affiche des animations 3D où des blocs de pierre sculptés tombent depuis le haut de l’écran et explosent en particules de poussière quand ils forment une combinaison gagnante. À la fois spectaculaire et très apprécié pour ses jackpots !
Mais posséder un GPU puissant ne suffit pas. Il faut encore des outils logiciels capables d’exploiter cette puissance pour construire des jeux. C’est là qu’interviennent les game engines, les moteurs de jeu. Unity et Unreal Engine dominent ce marché. Ces logiciels fonctionnent comme des boîtes à outils qui permettent de créer des mondes 3D complets… sans avoir à programmer chaque détail manuellement.
Avant l’existence de ces outils, chaque studio devait en quelque sorte (re)créer son propre moteur de jeu à partir de zéro. Cette tâche prenait des mois et nécessitait pas mal d’ingénieurs. Seuls les plus gros studios pouvaient se le permettre. Un domaine qui a fait la réputation et le succès du studio français Ubisoft.
Depuis quelques années, un studio plus modeste en capital humain peut télécharger Unity gratuitement et commencer à construire un jeu le jour même. C’est même un exercice clé en école de formation aux métiers du jeu vidéo en France. Cette démocratisation explique certainement pourquoi 14 000 jeux ont été publiés sur la boutique en ligne Steam rien qu’en 2024. La grande majorité provient de “petits” studios.
L’irruption de l’intelligence artificielle accélère encore davantage ce processus. Créer un personnage détaillé avec ses vêtements, sa coiffure, ses expressions faciales prenait pas moins de 40 heures de travail à un artiste 3D expérimenté. Avec les outils d’IA générative intégrés aux moteurs de jeu modernes, ce travail peut être réduit à 4 heures. L’IA génère automatiquement une première version que l’artiste ajuste ensuite pour lui donner la touche finale et l’originalité recherchée.
Cette automatisation a le mérite de faire tomber les barrières d’entrée dans cette industrie. Un jeu blockbuster moderne coûte entre 100 et 300 millions de dollars à produire (on dit “AAA”). Ces budgets augmentent de 6 à 8 pour cent chaque année tandis que les revenus progressent plus lentement.
Sans l’aide de ces outils logiciels qui automatisent une partie du travail répétitif, les studios ne pourraient tout simplement plus suivre financièrement. La technologie logicielle permet donc de créer des jeux plus ambitieux… mais sans multiplier les coûts par dix.
