Russie : comment la France se prépare à un possible affrontement

À l’occasion de la commémoration du 107e anniversaire de l’Armistice de 1918, le chef d’état-major des armées françaises, Fabien Mandon, a livré une analyse directe de la situation stratégique en Europe. Selon lui, la France doit se tenir prête à faire face à un « choc » potentiel avec la Russie dans les prochaines années. Ce message, formulé dans un entretien au journal Ouest-France, traduit une préoccupation croissante au sein des forces armées françaises et de leurs alliés.

Des tensions persistantes entre Moscou et les capitales européennes

Depuis l’offensive russe contre l’Ukraine en février 2022, les relations entre la Russie et les pays européens connaissent une dégradation profonde. Les échanges diplomatiques sont réduits à leur minimum, les sanctions économiques se sont multipliées et les coopérations militaires ont été gelées.
Pour la France, ces tensions ne se traduisent pas par une rupture totale, mais par une absence de dialogue stratégique durable. Paris agit dans le cadre des positions communes de l’Union européenne et de l’OTAN, privilégiant la défense collective et la dissuasion. Cette posture, déjà visible sur le terrain en Estonie et en Roumanie, s’inscrit désormais dans une perspective de préparation active. C’est dans cet esprit que les déclarations du général Mandon prennent tout leur sens.

Une armée en alerte face à la réorganisation militaire russe

Le général Mandon, 56 ans, ancien pilote de Mirage, observe avec inquiétude la réorientation militaire de la Russie. Selon lui, Moscou n’a cessé d’affirmer ses ambitions depuis 2008, passant de la Géorgie à la Crimée, puis à l’Ukraine. Il estime que cette évolution traduit une stratégie visant à tester la solidité des pays de l’OTAN, perçus par le Kremlin comme « affaiblis ».

Face à cette dynamique, la France multiplie les exercices d’envergure pour renforcer sa capacité de réponse. Le projet Orion 2026, prévu pour mobiliser à la fois les armées, la société civile et plusieurs États partenaires, constitue une étape majeure dans cette préparation. Des pays alliés ont déjà manifesté leur intérêt pour y participer ou y assister, partageant les mêmes préoccupations sécuritaires.

Cette démarche vise à simuler des situations de haute intensité, comparables à un affrontement avec une puissance équivalente à la Russie. Pour le chef d’état-major, il s’agit de vérifier non seulement la réactivité des forces armées, mais aussi la coordination entre les institutions civiles et militaires.

Préparer la nation tout entière

Au-delà de la seule dimension militaire, le général Mandon insiste sur la nécessité d’une mobilisation globale. Selon lui, un choc d’une telle ampleur ne pourrait être surmonté sans l’unité nationale. Il souligne que la Russie aurait étudié les faiblesses internes des sociétés européennes, misant sur la division pour affaiblir leur résistance. D’où son appel à la cohésion et à la vigilance collective.

Les alliés de la France — États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni — partagent ce constat et ajustent également leurs stratégies de défense. L’objectif est d’anticiper, non de provoquer, en consolidant la crédibilité de la dissuasion et la résilience face à d’éventuelles tentatives de déstabilisation.

Une alerte stratégique, pas une annonce de guerre

Le discours du général Mandon ne préfigure pas un conflit imminent, mais exprime une lecture lucide des rapports de force actuels. Dans un environnement marqué par l’incertitude et la montée des tensions, la France cherche à maintenir sa capacité d’action, tout en préservant son autonomie stratégique.
L’enjeu est de taille : être en mesure de répondre à toute forme d’agression sans céder à la peur ni à la résignation. Pour l’état-major, la préparation n’est pas un signal d’escalade, mais une exigence de responsabilité.

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