Le précieux sésame pour l’Hexagone n’a jamais été aussi accessible pour les Tunisiens. Avec un taux de refus tombé à seulement 13 % en 2025, la Tunisie creuse un écart considérable avec ses voisins algérien et marocain, où les demandeurs essuient des rejets bien plus fréquents.
Le visa français reste l’un des documents les plus convoités au Maghreb. Pour des millions de familles séparées par la Méditerranée, pour les étudiants rêvant des universités françaises, pour les hommes d’affaires et les touristes, ce document représente souvent bien plus qu’un simple titre de voyage. La diaspora maghrébine en France, forte de plusieurs millions de personnes, entretient des liens familiaux, économiques et culturels intenses avec les pays d’origine. Cette réalité explique pourquoi chaque évolution de la politique française des visas est scrutée avec attention de Tunis à Alger, en passant par Casablanca.
Tunisie : le consul Dominique Mas annonce un taux de refus historiquement bas
Dominique Mas, consul de France à Tunis, a récemment révélé des chiffres qui tranchent avec la tendance régionale. Le taux de refus des demandes tunisiennes n’a pas dépassé 13 % cette année, un niveau qualifié de « plus bas jamais enregistré ». Cette performance marque une amélioration spectaculaire par rapport aux années précédentes : le taux atteignait encore 30 % en 2022, avant de descendre à 21 % en 2024.
Le consulat français en Tunisie prévoit d’accorder plus de 140 000 rendez-vous aux demandeurs tunisiens en 2025, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. Le consul a également souligné que le centre TLS Contact de Sfax, opérationnel depuis deux ans, offre davantage de souplesse et de rapidité dans le traitement des dossiers, invitant les habitants du sud tunisien à privilégier cette antenne plutôt que celle de la capitale.
Algérie et Maroc : des taux de refus qui révèlent des disparités profondes
La situation contraste fortement de l’autre côté des frontières. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a indiqué devant l’Assemblée nationale que le taux de refus en Algérie atteint 31 % en 2025, soit le double de la moyenne mondiale. Certaines études avancent même un chiffre proche de 43 %, plaçant les Algériens parmi les nationalités les plus pénalisées au monde, juste derrière l’Afghanistan, la Syrie et le Nigeria.
Sur les neuf premiers mois de 2025, le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens a chuté de 14,5 % par rapport à la même période en 2024. Les tensions diplomatiques entre Paris et Alger, notamment autour de la question des reconduites aux frontières, pèsent manifestement sur le traitement des demandes.
Le Maroc occupe une position intermédiaire. Un rapport du Sénat français de septembre 2025 fait état d’un taux de refus de 12,5 % pour les Marocains en 2024, tandis que d’autres sources évoquent un niveau proche de 20 %. Plus de 606 000 visas Schengen ont été délivrés aux citoyens marocains l’année dernière, confirmant une dynamique plus favorable que celle observée pour l’Algérie. Le rapprochement diplomatique franco-marocain autour du Sahara occidental pourrait avoir contribué à cette évolution.
Ces écarts révèlent une réalité : la politique française des visas au Maghreb varie considérablement selon les pays et les périodes, reflétant autant les exigences administratives que l’état des relations bilatérales. Pour les Tunisiens, l’année 2025 marque une embellie notable. Pour leurs voisins, le chemin vers l’Hexagone reste semé d’obstacles.


