La progression des violences armées dans certaines zones frontalières d’Afrique de l’Ouest modifie les équilibres sécuritaires régionaux. Les mouvements djihadistes, autrefois cantonnés aux espaces sahéliens, multiplient désormais les incursions vers les pays côtiers. Cette évolution ressort nettement des observations publiées jeudi par l’ONG Acled, qui suit les conflits dans le monde, et ouvre la voie à une lecture renouvelée de la situation.
Zone tri-frontalière Bénin – Niger – Nigeria face à la montée des groupes armés
D’après l’ONG, les zones frontalières entre le Bénin, le Niger et le Nigeria deviennent progressivement un point stratégique pour les groupes armés du Sahel et du nord du Nigeria. Le JNIM et l’EI-Sahel y renforcent leur implantation, créant un maillage territorial qui connecte des zones auparavant isolées. Cette dynamique entraîne une extension des violences vers les pays côtiers, de manière plus organisée que les infiltrations ponctuelles observées par le passé.
Le nord du Bénin reflète cette tendance. L’ONG indique que 2025 a été l’année la plus meurtrière pour la région, avec une hausse significative des décès par rapport à 2024. Elle précise aussi que la connexion progressive entre les réseaux sahéliens et les groupes nigérians crée un corridor de violence continu, du Mali à l’ouest du Nigeria, transformant la zone tri-frontalière en un point stratégique pour les djihadistes.
Violences et glissement vers les pays côtiers
Le Sahel connaît depuis plusieurs années une pression des groupes djihadistes, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Ces organisations ont mené des attaques contre les civils, les forces de sécurité et les infrastructures, comme des écoles et des marchés, dans des zones stratégiques telles que Tombouctou, Gao, le centre du Burkina Faso ou la région de Tillabéri au Niger. Les méthodes varient des embuscades à moto aux engins explosifs improvisés.
Selon l’ONG Acled, la création d’un corridor de violence reliant le Bénin, le Niger et le Nigeria représente un changement majeur dans l’évolution des conflits. L’organisation indique que cette zone attire désormais à la fois les groupes sahéliens et leurs équivalents nigérians, qui l’utilisent comme territoire de transit, refuge ou base pour leurs opérations. Cette nouvelle configuration constitue un ensemble structuré d’activités violentes que les États côtiers doivent désormais intégrer dans leurs stratégies de sécurité.



