Burkina : un projet de loi acte le retour de la peine de mort

Le Burkina Faso engage un virage pénal qui ne passe pas inaperçu. Le gouvernement a approuvé un projet de nouveau Code pénal qui remet la peine capitale au cœur de l’arsenal judiciaire pour certaines infractions jugées d’extrême gravité. Cette décision intervient alors que de nombreux États ont renoncé à ce type de sanction au fil des décennies, privilégiant des formes de justice moins irréversibles. Malgré cette tendance mondiale, Ouagadougou choisit une autre voie, estimant nécessaire de revoir en profondeur son dispositif répressif.

Rétablissement de la peine capitale et révision des infractions graves au Burkina Faso

Le texte adopté par l’exécutif prévoit que des crimes tels que la haute trahison, les actes terroristes ou les opérations d’espionnage puissent à nouveau exposer leurs auteurs à la peine de mort précise plusieurs sources dont LeFaso.net. Le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, présente cette révision comme une réponse à ce qu’il décrit comme les attentes profondes de la population en matière de fermeté judiciaire. Le rétablissement de la peine capitale n’est cependant qu’un volet d’un ensemble bien plus vaste de modifications qui redéfinissent la manière dont l’État entend sanctionner les violations majeures.

La réforme introduit également le travail d’intérêt général comme sanction autonome, élargissant les outils dont disposent les magistrats pour traiter des délits variés. À l’autre extrémité du spectre, certaines pratiques sont désormais explicitement réprimées, notamment les comportements qualifiés de promotion ou de pratiques homosexuelles. Cette addition, placée parmi les innovations présentées par le gouvernement, marque un durcissement visible sur des questions sociales délicates.

Durcissement des sanctions routières et renforcement des peines financières et économiques

Le projet de Code pénal revoit aussi les règles applicables à la circulation routière. Les autorités affirment que la majorité des accidents mortels seraient liés aux comportements des usagers, ce qui, selon le ministre Bayala, justifie une augmentation marquée des sanctions prévues. Cette orientation vers une responsabilité individuelle accrue s’accompagne d’un relèvement général des amendes : le seuil minimal passe de 250 000 à 500 000 FCFA, qu’il s’agisse de délits ou de crimes.

Les crimes économiques se retrouvent eux aussi au centre de cette refonte. Les détournements de fonds et autres actes de corruption font l’objet d’un alourdissement notable des peines, avec la possibilité d’une condamnation à perpétuité lorsque les montants en cause atteignent ou dépassent cinq milliards de francs CFA. Cette logique de sévérité renforcée place la lutte contre les défaillances financières au même niveau de priorité que la répression des atteintes à la sûreté de l’État.

La combinaison de mesures touchant aussi bien la criminalité financière que les violences les plus graves reflète la volonté du gouvernement d’agir simultanément sur plusieurs fronts. En revenant sur l’abolition de la peine de mort et en resserrant l’ensemble du dispositif pénal, les autorités défendent une ligne de réponse plus tranchée aux infractions qu’elles jugent dangereuses ou fortement préjudiciables.

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