L’Afrique vient d’enregistrer un coup d’arrêt majeur contre la criminalité numérique. À l’issue d’une opération coordonnée sur plusieurs fronts, Interpol, en collaboration avec les forces de sécurité de nombreux pays africains, a neutralisé un vaste réseau de cybercriminels spécialisés dans les escroqueries en ligne, les ransomwares et le piratage de comptes professionnels. Au total, 574 individus ont été interpellés, tandis que des milliers d’outils numériques utilisés pour nuire ont été démantelés. D’après 01net, cette offensive démontre une montée en puissance des réponses africaines face à des menaces qui touchent directement les entreprises, les administrations et les particuliers, souvent sans distinction de secteur ou de pays.
Cybercriminalité en Afrique et impact économique sur les entreprises et les citoyens
Depuis plusieurs années, le cybercrime pèse lourdement sur les économies africaines. Les attaques par phishing, les fraudes financières en ligne et les ransomwares ciblent aussi bien les PME que les grandes entreprises, les banques, les services publics ou encore les ONG. Ces pratiques provoquent des pertes financières importantes, fragilisent la confiance dans les services numériques et freinent l’adoption des outils digitaux pourtant essentiels au développement économique.
Les administrations publiques ne sont pas épargnées. Des hôpitaux, des universités et des services fiscaux ont déjà vu leurs systèmes paralysés, entraînant des interruptions de service et des risques pour les données sensibles des citoyens. Face à cette réalité, les États africains ont progressivement renforcé leurs cadres juridiques, leurs capacités techniques et leur coopération internationale, ouvrant la voie à des opérations coordonnées de grande ampleur. C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’intervention récente menée sous la coordination d’Interpol, qui marque une étape concrète dans la lutte contre les réseaux organisés opérant à l’échelle du continent.
Interpol et forces de l’ordre africaines frappent les réseaux de ransomwares
Baptisée Operation Sentinel, l’opération s’est déroulée sur une période d’un mois, entre fin octobre et fin novembre 2025. Elle a mobilisé les forces de l’ordre de 19 pays africains, appuyées par des experts en cybersécurité et des analystes numériques. L’objectif était clair : désorganiser l’industrie de l’extorsion numérique qui prospérait grâce aux ransomwares, au piratage de messageries professionnelles et aux escroqueries en ligne.
Les résultats sont significatifs. Plus de 6 000 liens malveillants ont été mis hors ligne. Ces infrastructures servaient à diffuser des logiciels malveillants ou à piéger les victimes via de fausses plateformes imitant des services légitimes. Leur neutralisation réduit immédiatement la capacité de nuisance des groupes ciblés.
Au cours des perquisitions numériques, les enquêteurs ont également saisi plusieurs échantillons de malwares. L’analyse approfondie de ces programmes a permis d’identifier et de déchiffrer six variantes de ransomwares activement utilisées contre des organisations africaines. À partir de ces travaux, un outil de déchiffrement a été développé, offrant aux victimes la possibilité de récupérer leurs données sans verser de rançon aux cybercriminels.
Selon les éléments communiqués par Interpol, les activités des réseaux démantelés auraient généré plus de 21 millions de dollars de gains frauduleux. Ces sommes provenaient principalement de paiements extorqués à des entreprises et de détournements financiers liés à la compromission de comptes professionnels. Les 574 personnes interpellées sont soupçonnées d’avoir joué des rôles variés au sein de ces structures : développeurs de malwares, gestionnaires d’infrastructures numériques, spécialistes du blanchiment de fonds ou exécutants chargés de cibler les victimes. Les procédures judiciaires relèvent désormais des juridictions nationales concernées, selon les législations en vigueur dans chaque pays.



