L’avenir du Groenland est redevenu un sujet de crispation diplomatique entre Washington et les capitales européennes. En réaffirmant son refus de toute remise en cause de la souveraineté danoise sur ce territoire arctique, Emmanuel Macron a choisi de répondre frontalement aux déclarations répétées de Donald Trump. D’après Le Figaro, pour le président français, l’enjeu dépasse le simple désaccord bilatéral. Il appelle à une position européenne claire et coordonnée face aux ambitions américaines.
Groenland : une souveraineté face aux ambitions américaines
Le chef de l’État français n’a pas mâché ses mots. Face à la volonté exprimée par Donald Trump d’annexer le Groenland, Macron a rappelé que l’île « appartient à son peuple » et que le Danemark en demeure le garant. Par ce message, diffusé notamment sur le réseau X, Paris a voulu afficher une solidarité sans ambiguïté avec Copenhague et Nuuk. Le président français s’était déjà rendu au Groenland en juin, marquant symboliquement le soutien de la France à l’intégrité territoriale de ce territoire autonome rattaché au Danemark.
Les autorités danoises et groenlandaises ont, de leur côté, réitéré une position constante. Le Groenland n’est pas à vendre. Cette ligne rouge répond directement aux propos de Donald Trump, qui affirme que les États-Unis auraient « besoin » de cette île stratégique pour renforcer leur sécurité face à la Chine et à la Russie. Ces déclarations, déjà formulées après son élection, ont ravivé des inquiétudes en Europe, d’autant que le Groenland, peuplé d’environ 57 000 habitants, dispose d’importantes ressources minières, notamment en métaux rares.
Enjeux géopolitiques et ressources arctiques
Le dossier du Groenland ne date pas d’aujourd’hui. Dès la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont renforcé leur présence militaire sur l’île, notamment à travers la base aérienne de Thulé, aujourd’hui intégrée au dispositif de défense antimissile américain. Depuis, Washington considère ce territoire arctique comme un point clé pour la surveillance et la projection stratégique dans le Grand Nord. Sous la présidence Trump, cette approche s’est traduite par une tentative inédite : en 2019, le président américain avait publiquement évoqué l’achat du Groenland, une proposition immédiatement rejetée par le Danemark.
Cette séquence avait mis en lumière la valeur stratégique croissante de l’Arctique, zone où se croisent intérêts militaires, routes maritimes potentielles et accès à des ressources naturelles convoitées. Elle avait aussi révélé les tensions entre alliés occidentaux sur la manière de gérer ces enjeux. C’est dans ce cadre que l’Union européenne a cherché à renforcer ses liens avec le Groenland, territoire clé pour l’accès aux matières premières critiques nécessaires à la transition énergétique.
C’est précisément sur ce terrain que Paris souhaite avancer. La France espère accélérer la mise en œuvre du partenariat stratégique signé en 2023 entre l’Union européenne et le Groenland. Cet accord vise notamment à développer la coopération économique, scientifique et environnementale, tout en sécurisant l’approvisionnement européen en ressources minières. Pour Emmanuel Macron, il s’agit aussi de donner une traduction concrète à l’autonomie stratégique européenne, en montrant que l’Union est capable de défendre ses partenaires et ses intérêts.



