Le phénomène migratoire en Libye reste au centre des préoccupations officielles, alors que les autorités décrivent une pression continue depuis près d’une génération. Le ministre de l’Intérieur Imad Trabelsi estime qu’environ trois millions de personnes en situation irrégulière seraient passées ou auraient séjourné dans le pays au fil des quinze dernières années. Ce chiffre montre l’ampleur d’un mouvement qui ne faiblit pas, porté en grande partie par l’espoir d’atteindre les rives européennes.
Routes migratoires en Libye et relations avec l’Europe
Après la chute de Mouammar Kadhafi, les bouleversements politiques ont créé des zones dépourvues de contrôle étatique, facilitant l’activité de groupes organisés et transformant progressivement la Libye en porte d’accès vers l’Europe. La proximité des côtes européennes a renforcé cette dynamique, faisant du pays une étape clé pour ceux qui tentent la traversée de la Méditerranée.
Lors d’une rencontre avec des représentants diplomatiques à Tripoli, Imad Trabelsi a indiqué que parmi les personnes installées temporairement en Libye, certaines s’étaient présentées avec leurs proches, ce qui, selon lui, peut encourager des séjours plus longs. Il a également souligné que l’appui reçu de l’étranger ne correspondait pas, selon lui, aux efforts fournis pour lutter contre les réseaux exploitatifs présents sur le territoire.
Les institutions européennes rappellent néanmoins avoir engagé plusieurs programmes depuis 2015. Une enveloppe importante aurait été consacrée à des initiatives liées aux migrations sur une période couvrant six ans, tandis qu’un autre financement pluriannuel vise à renforcer la surveillance frontalière jusqu’à la fin de la décennie. Ces montants témoignent d’un engagement financier réel, même si leur adéquation fait débat entre les partenaires.
Coopération entre autorités libyennes, Union européenne et Union africaine
Le ministre libyen a appelé à une mobilisation accrue de l’Union européenne, de l’Union africaine et de plusieurs pays arabes pour faire face à un flux migratoire qu’il juge durable. Il a aussi expliqué que son pays ne souhaitait pas servir de lieu de réception systématique pour les personnes secourues en mer, une position qui revient régulièrement dans les échanges entre Tripoli et ses partenaires.
Les divergences portent autant sur les moyens mis à disposition que sur le partage des responsabilités. Les autorités libyennes affirment supporter une charge disproportionnée, tandis que leurs interlocuteurs mettent en avant les programmes déjà financés et leur volonté de maintenir des coopérations techniques.
La Libye demeure un territoire où transitent de nombreux migrants, conséquence directe de la situation politique instable qui perdure depuis 2011. Les discussions engagées entre Tripoli, les organisations régionales et les pays voisins continueront de peser sur la gestion de ces mouvements, dans un environnement où les solutions restent encore à définir.
