OTAN : des tensions en vue entre les USA et leurs alliés ?

L’Alliance atlantique traverse une période de turbulences inédites. Fondée en 1949 comme bouclier collectif face à l’Union soviétique, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord doit aujourd’hui composer avec des défis radicalement différents : cybermenaces, rivalités dans l’Arctique et montée en puissance chinoise. La cohésion transatlantique, longtemps considérée comme inébranlable, vacille désormais face à des divergences croissantes sur les intérêts nationaux et le partage des responsabilités militaires entre membres.

Le Danemark classe Washington parmi les préoccupations sécuritaires

Une rupture symbolique majeure s’est produite mercredi. Le Danemark a, pour la première fois, identifié les États-Unis comme une source potentielle d’inquiétude dans l’évaluation annuelle publiée par son service de renseignement de la défense (DDIS). Cette mention sans précédent survient alors que Donald Trump réitère sa volonté d’acquérir le Groenland, territoire danois semi-autonome qu’il juge stratégiquement essentiel pour sa position arctique et ses ressources minérales.

Le rapport danois souligne que les grandes puissances déploient leurs instruments économiques, technologiques et militaires de manière plus offensive. Une nouvelle section, intitulée « Les États-Unis changent l’agenda », explique que Washington privilégie désormais ses intérêts propres et « utilise sa force économique et technologique comme outil de pouvoir, y compris envers ses alliés ».

Plus inquiétant encore, l’agence DDIS affirme que les États-Unis « n’excluent plus le recours à la force militaire, même contre des alliés ». Cette formulation marque un tournant pour un État membre de l’OTAN dont la sécurité repose traditionnellement sur l’alliance transatlantique.

Interrogations sur le rôle américain en Europe

Le renseignement danois soulève également des doutes sur la pérennité du rôle des États-Unis comme garant principal de la sécurité européenne. Trump a régulièrement exhorté les membres européens à assumer la responsabilité première de leur défense en augmentant massivement leurs budgets militaires.

La compétition entre grandes puissances pour l’Arctique intensifie l’attention internationale sur cette région stratégique. Le rapport précise que « cela concerne particulièrement l’intérêt croissant américain pour le Groenland et son importance pour la sécurité nationale des États-Unis ».

Copenhague perçoit cette pression comme une menace directe à sa souveraineté et a réagi en renforçant sa défense arctique ainsi que sa surveillance militaire sur l’île. Cette situation révèle une méfiance inédite au sein de l’Alliance : un membre historique doit désormais se prémunir contre les ambitions de son principal allié, soulevant des interrogations sur l’avenir de la cohésion transatlantique.

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