RDC : tension extrême à Uvira après l’entrée des rebelles du M23

L’est de la République démocratique du Congo vit une nouvelle poussée de violence alors qu’Uvira, grande ville du Sud-Kivu proche du Burundi, a vu des combattants du M23 franchir ses quartiers nord ce mardi soir. La population, déjà épuisée par des années d’instabilité armée, a été saisie de panique face à cette avancée jugée fulgurante, marquant une rupture brutale après plusieurs mois de calme relatif.

Au fil de la dernière décennie, les affrontements autour du Nord et du Sud-Kivu ont opposé l’armée congolaise à une mosaïque de groupes armés cherchant à contrôler des territoires, des axes commerciaux et des ressources précieuses. Les tensions entre Kinshasa et Kigali se sont également renforcées, la RDC accusant régulièrement le Rwanda de soutenir militairement les rebelles du M23, ce que Kigali réfute. Plusieurs initiatives diplomatiques ont tenté d’apaiser les rivalités régionales, sans jamais parvenir à stabiliser durablement les provinces de l’est. Les discussions engagées ces derniers mois semblaient ouvrir une voie de compromis, mais la situation bascule à nouveau, redonnant un relief inquiétant aux dynamiques militaires du moment.

Uvira sous pression face à l’avancée du M23 soutenu par le Rwanda

Selon différentes sources sécuritaires rapportées par des médias comme Le Devoir, l’entrée des rebelles a provoqué un vaste mouvement de fuite parmi les habitants. Certains décrivent des rues désertées en quelques minutes, d’autres évoquent des familles terrées dans leurs maisons tandis que des bombardements retentissaient au-dessus de la ville. Des unités de l’armée congolaise se seraient repliées vers le sud, parfois en abandonnant véhicules ou équipements sur le chemin.

Les autorités humanitaires signalent l’arrivée d’environ 30 000 personnes au Burundi en moins d’une semaine ce qui met à mal la coordination de l’assistance humanitaire. Depuis le début de l’offensive le 1er décembre, des sources militaires évoquent l’arrivée de renforts rwandais aux côtés du M23. Des experts onusiens estiment que 6000 à 7000 soldats rwandais opèrent dans l’est du Congo pour soutenir les combattants rebelles, même si ces chiffres pourraient faire l’objet de contestations selon les acteurs concernés.

L’accord Tshisekedi-Kagame fragilisé par l’offensive

La prise de position du M23 autour d’Uvira intervient alors que les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame venaient tout juste d’entériner à Washington un accord censé ouvrir la voie à une désescalade. Le texte avait été présenté par le président américain Donald Trump comme une percée significative, mais l’offensive remet immédiatement en cause sa portée.

Cette percée rappelle celle observée en début d’année précédente, lorsque le M23 avait brièvement pris le contrôle de Goma et Bukavu. Les espoirs nourris ces derniers mois par la stabilisation de la ligne de front sont désormais affaiblis, notamment pour les populations locales qui redoutent de nouveaux déplacements forcés et une dégradation rapide de la situation. La crispation actuelle à Uvira souligne l’extrême fragilité des engagements conclus par les dirigeants régionaux. Alors que des pourparlers étaient encore en cours il y a quelques jours, les développements militaires brouillent à nouveau les perspectives.

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