Sénégal : Bourses universitaires, tensions à l’UCAD et promesses de règlement

Les heurts enregistrés à l’Université Cheikh Anta Diop aces derniers jours ravivent un problème récurrent : la difficulté pour une partie des étudiants d’obtenir leurs allocations dans les délais prévus. Les scènes de lundi 1er décembre, marquées par plusieurs blessés et l’évacuation d’étudiants vers des structures de santé faute de capacité suffisante au service médical du campus, rappellent l’ampleur du malaise. Pour beaucoup, les allocations mensuelles représentent la seule marge financière permettant de poursuivre sereinement leurs études. Lorsque ces paiements tardent, la situation dégénère rapidement en grèves ou en manifestations, comme celles menées par les étudiants de master depuis la mi-novembre.

Difficultés de paiement des bourses

Lors de son passage devant les députés, le ministre de l’Enseignement supérieur, Daouda Ngom, a longuement été interrogé sur ces retards qui provoquent régulièrement des blocages dans les universités publiques. Plusieurs parlementaires comme Abdou Mbow ou Fatou Diop Cissé ont demandé des réponses claires sur les moyens mis en œuvre pour stabiliser le dispositif.

Le ministre a expliqué que le ministère des Finances avait engagé la procédure permettant de payer les allocations attendues. Il a indiqué que les étudiants devaient récupérer leurs bourses « dans les prochaines quarante-huit heures », une annonce présentée comme un signal d’apaisement destiné à ramener le calme sur les campus.

Au milieu de ces échanges, une donnée a été rappelée pour illustrer l’évolution du système : au tournant des années 2000, le pays comptait un peu plus de 35 000 boursiers. Ils sont aujourd’hui près de 158 000. Autrement dit, la population étudiante bénéficiant d’un soutien financier a connu une multiplication remarquable en un quart de siècle. Cette augmentation continue a mécaniquement accru le volume budgétaire nécessaire au paiement régulier des allocations.

Réformes annoncées pour les universités publiques

Pour répondre à cette pression croissante, Daouda Ngom prévoit une refonte complète du dispositif de gestion des bourses. Le projet annoncé repose sur une digitalisation totale du suivi administratif, accompagnée d’une enveloppe de 98 milliards de francs CFA consacrée aux allocations : 90 milliards pour les étudiants au Sénégal et 8 milliards pour ceux poursuivant un cursus à l’étranger.

Selon lui, cette modernisation doit permettre d’éviter les ruptures observées ces dernières semaines. Sur le terrain, les étudiants attendent de constater si les engagements pris seront respectés rapidement, car les affrontements du 1er décembre montrent que la situation peut basculer dès que les versements prennent du retard.

La crise de l’UCAD rappelle que la stabilité du calendrier universitaire dépend largement de la régularité des bourses. Le gouvernement promet un paiement imminent et une transformation structurelle du système pour mieux absorber l’augmentation massive du nombre de bénéficiaires. Reste à savoir si ces annonces suffiront à ramener la sérénité sur les campus et à convaincre les étudiants que la gestion de leurs allocations évolue durablement.

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