Le contentieux entre l’État du Sénégal et la compagnie australienne Woodside continue de dominer l’actualité du secteur énergétique. Derrière ce bras de fer se joue un enjeu central : la maîtrise des coûts du projet pétrolier de Sangomar et la protection des revenus attendus de cette exploitation stratégique pour le pays. Les divergences persistent depuis plusieurs mois, au point d’avoir conduit les deux parties devant les juridictions nationales et internationales.
Arbitrage international et contestation des coûts
Le litige a pris une dimension internationale lorsque Woodside a saisi le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). L’entreprise a déposé une plainte le 30 mai 2025 après des échanges tendus autour des dépenses déclarées pour le développement du champ de Sangomar. L’État estime qu’une partie des coûts avancés n’est pas justifiée et rejette leur prise en compte dans le mécanisme de partage de production.
Cette procédure devant le CIRDI représente l’un des volets d’un affrontement plus ancien. En août 2024, l’administration fiscale sénégalaise avait établi un redressement de 41 milliards de francs CFA, jugeant irrégulières certaines opérations déclarées par l’opérateur. La contestation portée par Woodside devant le tribunal de grande instance de Dakar n’a pas empêché l’exécution des mesures de recouvrement. Les comptes bancaires de la filiale sénégalaise ont été bloqués, accentuant les tensions entre les deux partenaires du projet pétrolier.
Les deux parties doivent de nouveau comparaître le 18 décembre, une audience considérée comme clé pour la suite de la confrontation. Les différentes étapes engagées, aussi bien au plan judiciaire qu’arbitral, montrent que ce différend n’a pas encore trouvé d’issue et qu’il pourrait se prolonger jusqu’à la décision du CIRDI.
Implications du bras de fer financier
La contestation des coûts déclarés par Woodside constitue l’un des éléments les plus sensibles du dossier, car ces montants influencent directement la part de revenus revenant à l’État. Plus les dépenses retenues sont élevées, plus la part de production destinée au Sénégal diminue. Cette équation explique la fermeté adoptée par les autorités, qui affirment vouloir préserver la souveraineté économique associée au projet. Le bras de fer autour des 41,467 milliards de francs CFA mentionnés par le fisc illustre la volonté de Dakar de contrôler l’ensemble des aspects financiers liés à l’exploitation de Sangomar. Ce redressement, ajouté au contentieux opposant les deux acteurs devant le CIRDI, structure aujourd’hui l’axe principal des discussions.
L’affaire pourrait avoir des répercussions sur la dynamique opérationnelle du projet pétrolier, même s’il n’existe aucune information confirmée permettant de conclure à une interruption des activités. Le différend montre toutefois l’importance que le Sénégal accorde à la transparence des coûts et à la gestion contractuelle avec les opérateurs étrangers.
À mesure que les échéances judiciaires se rapprochent, ce dossier devient un test majeur pour la gouvernance pétrolière du Sénégal. La capacité de l’État à défendre ses positions, tout en maintenant la confiance des investisseurs, représente un enjeu déterminant pour les projets actuels et futurs. Les décisions à venir, qu’elles proviennent des tribunaux sénégalais ou du CIRDI devraient influencer durablement les relations entre Dakar et ses partenaires dans le secteur extractif.



