UE: comment un pays africain a réussi à faire fléchir l’institution

Le Rwanda et l’Union européenne entretiennent des relations complexes et parfois tendues, marquées par des différends politiques et diplomatiques. Au cœur de ces tensions se trouve la question de l’influence rwandaise en République démocratique du Congo (RDC), notamment le soutien allégué de Kigali aux rebelles du M23, qui déstabilisent l’est de la RDC. Ces actions ont exacerbé les relations, notamment avec des pays ayant des intérêts historiques dans la région, comme la Belgique. Ce contexte tendu a récemment culminé lorsqu’un incident diplomatique a éclaté concernant la nomination du premier représentant spécial de l’UE pour la région des Grands Lacs.

L’Union européenne a envisagé de renforcer sa présence diplomatique dans la région des Grands Lacs, un espace géopolitique sensible incluant le Rwanda, le Burundi et la RDC. Pour ce faire, un envoyé spécial devait être nommé pour faciliter les dialogues et apaiser les tensions. Cependant, la procédure de nomination a été brusquement interrompue, révélant l’influence inattendue du Rwanda sur les décisions de l’UE.

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L’incident a commencé lorsque l’UE a failli nommer Bernard Quintin, un diplomate belge bien établi et ancien directeur Afrique au service diplomatique européen, comme envoyé spécial. Malgré l’accord unanime des États membres de l’UE sur sa candidature, l’opposition ferme du Rwanda a été rapidement manifestée. Paul Kagame, le président rwandais, a exprimé son désaccord lors d’une conversation téléphonique avec le président français Emmanuel Macron fin avril, bien avant que la décision ne soit formalisée.

Cette opposition rwandaise a entraîné une réaction en chaîne parmi les États membres de l’UE. Des pays comme la Suède et le Danemark ont insisté sur l’importance de l’accueil favorable de tout envoyé spécial dans la région, soulignant que son efficacité dépendrait de sa capacité à interagir avec tous les acteurs locaux. En conséquence, l’UE a décidé de retarder la nomination et d’étendre la procédure de sélection jusqu’au 5 juillet, comme communiqué aux États membres mi-juin.

Le cas de Bernard Quintin illustre comment un pays africain peut influencer une décision pourtant prise en consensus par les Vingt-Sept. Il met également en lumière les défis auxquels l’UE est confrontée dans sa gestion des relations externes, où des intérêts historiques et contemporains se heurtent.

L’impact de cet incident sur les relations futures entre l’UE et le Rwanda pourrait être significatif. En refusant un candidat soutenu par l’ensemble des États membres de l’UE, le Rwanda démontre non seulement sa capacité à influencer les politiques européennes, mais aussi le potentiel de tensions accrues si les préoccupations rwandaises ne sont pas prises en compte dans les futures nominations et politiques.

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