Nous entendons dire ci et là, dans les médias, des choses épouvantables et effroyables, sur le pouvoir, l’opposition, la mouvance et la classe politique nationale entière. Les démentis sont parfois venus et se sont succédé ; les mises au point sont venues et le tout pour dire pourtant la même chose : le pays va mal, la cohésion nationale est mise à mal.
Il a fallu des discours, des promesses, les "grandes ambitions" fumeuses et les autres. Pour attirer notre attention en tant qu’électeurs et susciter notre intérêt en tant que citoyens, lors des différentes campagnes électorales.
Il a fallu des mots, les mots des engueulades, les mots de l’intolérance, les mots de violence, les mots de haine, les mots indécents, peu avouables dans l’enceinte d’un Parlement et dans un espace démocratique! Pour nous confirmer notre vulnérabilité et nous effrayer davantage.
Il a fallu des actes ; les actes iniques, les menaces graves et effroyables pour ébranler notre cohésion nationale et entamer notre moral – ô combien déjà altéré par la cherté de la vie, dans ce contexte de crise alimentaire mondiale!
Vous êtes censés œuvrer pour le développement de ce pays, pour l’affermissement de la démocratie dans notre pays. Votre principale mission à tous, c’est de faire les bons choix et d’appliquer les bonnes politiques pour les uns ; et les meilleurs systèmes possibles de codification et de contrôle pour les autres. Afin que les populations dont vous avez reçu mandat puissent trouver confiant leur avenir et de l’amélioration dans leur quotidien.
Malheureusement, cependant, la qualité et la régularité de vos échanges à l'Assemblée et partout ailleurs – depuis le mois de décembre 2007, lors de la désignation des représentants de l’Assemblée à la CENA et lors de la campagne pour les élections communales et locales -, et surtout la limite de certains propos entre députés, à l'encontre du Chef de l'Etat ; les récriminations à l’encontre des membres de l’opposition et des membres de la mouvance. Tout ses propos, faits et gestes nous font craindre le pire pour notre unité nationale, la stabilité de nos institutions et la paix dans notre pays.
Au nom de cette autorité que vous incarnez – autorité qui devrait pourtant se fonder sur la raison -, arrêtez, toutes ses injures à personne, toutes ses entorses égoïstes et partisanes – aux lois que vous êtes censés initier, ériger, faire appliquer et protéger -, toutes ses menaces de révoltes et d’insurrection qui ne font que le nid de l'intolérance, de la discrimination, de la division et de la guerre civile.
Or, notre espace politique national, n’est pas un lieu d’affrontements destructeurs et de querelles stériles – au contraire, le Bénin a déjà prouvé au monde entier en 1990 en organisant la première Conférence Nationale en Afrique qu’il est une terre de consensus et de dialogue vif et courtois, qu’il a un idéal démocratique aussi – doit confirmer qu’il est un haut lieu pour un dialogue démocratique et constructif, dans l’esprit des valeurs de tolérance, de liberté, de fraternité, de justice, de travail et d’égalité. Valeurs auxquelles le peuple béninois est fort justement très attaché.
Notre Assemblée nationale – ne saurait devenir une scène de théâtre où de vilains mots, gestes et comportements auront droit de cité.
Personne ne sait quand, comment et où s’achèvera un conflit que l’on n’a pas su éviter. Personne ne sait l’ampleur ni les implications d’une guerre civile que l’on n’a pas su prévenir et endiguer. Nul ne connaît, par les temps qui courent, les ramifications d’une déflagration qui ne sera que la preuve d’un échec.
Aussi, nous sommes nombreux, militants, sympathisants, citoyens avertis et anonymes du bénin profond et de la diaspora à œuvrer et à appeler de nos prières des débats et échanges de grandes et bonnes qualités; des joutes oratoires de grande célérité et de bonne probité dans l'arène politique et au sein de la classe politique nationale.
Par conséquent,, nous voulons encore croire que la voie tracée pour une démocratie politique apaisée depuis la conférence nationale de 1990 – doit nous mener à assumer nos responsabilités, et à nous montrer tous responsables du développement de notre pays et de notre devenir collectif national. Et que cette voie doit être le moteur de l’inspiration de tout vos projets, programmes, feuilles de route et d’actions et même la priorité de toutes vos préoccupations politiques, partisanes et personnelles dès lors que vos intentions, propos et actions engagent le pays et les populations .
S’il est question de bonne gouvernance dans un cadre démocratique et républicain comme au Bénin – et vous avez tous raison de vous en prévaloir – il est donc doublement question de peuple : la bonne gouvernance doit être conçue au profit du peuple, dont le gouvernement – l’Assemblée aussi – est, en principe, une émanation.
Alors nous pensons qu’il est inutile de préempter la décision de la Cour Suprême et de lancer un ultimatum public et médiatisé au Gouvernement souverain pour l’installation des conseils communaux restant.
Il serait prudent, en revanche, d’utiliser les moyens légaux et le fonctionnement normal de nos institutions pour faire valoir vos droits, tel qu’ils soient.
Il est plus qu’urgent, cependant, pour le Gouvernement de situer légalement, individuellement et hiérarchiquement les responsabilités des entorses et dysfonctionnements constatés ayant conduire à la non installation de 24 conseils communaux; et d’en tirer les conséquences de façon diligente.
Aussi, il est primordial, pour tous, de redonner de l'espoir aux citoyens en recadrant les hommes, en laissant les institutions jouer pleinement leur rôle constitutionnel, en préservant l’unité nationale et la paix.
La paix constitue la principale richesse de toutes les nations. Aucun sacrifice pour son établissement et sa consolidation ne saurait être de trop, tant il s’agit d’abréger les souffrances des populations.
La paix est le fruit d’une construction. Et c’est la construire que de commencer de façon diligente par éradiquer les germes de la discorde, de la division et de l’affrontement, par oublier les offenses et les frustrations. Il est plus facile de détruire que de construire. Alors, nous vous prions très respectueusement d’arrêter toutes ces pantomimes politiciennes, cette façon peu orthodoxe de jongler avec la loi et l’ordre républicain, et ces menaces publiques graves et partisanes de blocage et de paralysie sur la stabilité de nos institutions. Rien que pour l’amour du pays, cet amour que vous portez tous, légitimement et fièrement, très haut.
Vox populi, vox dei, dit-on. Et c’est tout naturellement que nous vous convions à renouveler votre confiance aux institutions démocratiques et républicaines en vigueur – instaurées par le constituant béninois – et à laisser le dernier mot au peuple souverain, qui – dans sa majorité silencieuse et quoi que angoissée – reste plus que jamais conscient de ceci :
« De quelque manière qu’ils soient députés – Président ou Ministres -, qu’ils s’assemblent et qu’ils délibèrent, pourvu qu’on ne puisse pas ignorer (et comment la nation, qui les commet, l’ignorerait-elle ?) Qu’ils agissent en vertu d’une commission extraordinaire du peuple, leur volonté commune vaudra celle de la nation elle-même ». Abbé de Sieyès (janvier 1789), dans son fameux : Qu’est-ce que le Tiers Etat ?
Nous vous prions d’agréer, Honorables Députés, Chers Responsables politiques,
l’expression de notre profond respect, et nous vous prions de croire en nos sentiments fraternels et patriotiques.
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