Augmentations incessantes des prix de plusieurs produits

/food/marche.jpg » hspace= »6″ alt= »Les vendeuses d’un marché local » title= »Les vendeuses d’un marché local »  » />Que valent encore les associations de consommateurs  au Bénin ?

Beaucoup de Béninois s'interrogent  aujourd'hui sur  la raison  d'être des associations de consommateurs que  compte  le  pays. Une interrogation qui n'est pas sans fondement  face au sommeil dans lequel sombrent celles-ci  depuis des années, et davantage,  en ces moments d'augmentations permanentes des prix des produits de grande consommation.

Les associations de consommateurs  du Bénin sont elles toujours en activité ou ont cessé de l'être ? La question préoccupe   plus d'un. Si nombre de  citoyens ont fini par ignorer leur existence, d'autres se disent révoltés de constater qu'elles n'existent que de nom. Et ce  n'est pas tout à fait faux. Les raisons qui soutiennent  l'amertume des béninois sont bien nombreuses. Les mesures d'augmentations des prix de divers produits, telles qu'elles s'opèrent depuis peu, se passent sans commentaires. Sans la moindre réaction de la part de ces associations dont la vocation première est pourtant de défendre les consommateurs béninois. Le gouvernement se retrouve, du coup,   seul maître à bord et  fait avaler la pilule  à tout le monde.   L'argument servi  ne varie pas dans  le fond : la conjoncture économique internationale.  Les nouvelles augmentations des prix des produits comme le ciment et  le pétrole  s'inscrivent dans  cette même contrainte ; ce   qu'approuvent visiblement les associations de consommateurs pour justifier leur impuissance.  La conséquence en est qu'aucune  n'a encore daigné réagir, à la suite de la  bien triste nouvelle. Et celles qui ont pu tenter  l'exercice l'ont fait de façon plus ou moins  tendancieuse. Ainsi, comme   on pouvait le lire dans un quotidien paru hier un président d'association de consommateurs déclarait  ceci : " Comme  tous les consommateurs  béninois,  j'ai appris  la nouvelle  sur la révision   à la hausse  des prix du ciment et des  produits  pétroliers. C'est très dur  pour les consommateurs béninois  de supporter  cette nouvelle grille, eu égard  à leur  pouvoir d'achat plutôt moyen. Mais quand on  situe  ces nouveaux tarifs  dans la  conjoncture  nationale et internationale, on peut dire que c'est un pis-aller…. ".  Généralement, le combat de cette association et de bien d'autres, ne dépasse plus  l'étape d'interprétation des mesures qui tombent sur les   consommateurs comme un coup de massue. A eux de faire face aux affres qui en découlent.  

 Ne jamais aller contre ?

  Tout  apparaît désormais  comme si les associations  des consommateurs  combinent avec le pouvoir en place  dans l'élaboration de certaines mesures sociales.    Non seulement, elles se prononcent  très peu, mais  lorsque l'occasion s'offre à elles,  le pouvoir est servi sur un plateau d'or. C'est un fait avéré qui s'illustre dans les propos  du Président de  cette association, toujours recueillis par le même  confrère. Parlant de la fixation du nouveau  prix du ciment, il    note que celui-ci, à travers  un système de péréquation, a veillé à ce que  le  prix de la tonne soit unique à Cotonou, Parakou, Porto-Novo et à Lokossa.  Difficile cependant pour  convaincre  le commun des Béninois, lorsqu'on sait toute la pagaille qui entoure    la vente du ciment sur l'ensemble du territoire national. Une pagaille qui risque  de se renforcer avec la nouvelle augmentation. Dire donc que le gouvernement  a fait le travail nécessaire est une erreur, ouvrant ainsi  les   brèches  de  la complicité tacite dont on taxe souvent  les associations de consommateurs avec le pouvoir du changement.  Les désapprobations ne sont pas moins perceptibles  dans les propos  et autres commentaires  qui se tiennent rudement depuis peu. " Ces  associations se moquent de nous. Elles ne nous représentent plus, elles se représentent elles-mêmes ", " Les consommateurs  béninois sont des laissés pour compte, personne  ne veut prendre leur défense quant le besoin se fait sentir ", entend-on par ci et par là.

 Les exemples d'ailleurs

 S'il est vrai que la  flambée des prix des  produits de grande consommation sévit partout en Afrique et sur d'autres continents, les associations des consommateurs des pays touchés, n'ont pas manqué de protester, appelant souvent leurs gouvernants à prendre des mesures qui s'imposent et  à les appliquer à la lettre.  En Côte-d'Ivoire, au  Sénégal,   au Mali, ou en Guinée,   ils ont battu  goudron et pavés pour se faire entendre. Parfois au prix du sang. La lutte  n'a pas été vaine dans la plupart des cas.   Grâce à ces mouvements de protestation,  des gouvernements ont dû  prendre des mesures  adéquates pour  soulager un tant soit peu leurs  populations.  La veille  menée par ces associations  sœurs sur le respect des nouveaux prix fixés a permis, par exemple,  de limiter les dégâts d'une inflation  anarchique  et abjecte.  Entre autres retombées des luttes  menées, des gouvernants ont dû  aussi procéder à des augmentations de salaires, pour contenir quelque peu  la crise dans leur pays.
 Ces exemples, malheureusement  ne semblent pas encore émouvoir les associations de consommateurs  du Bénin qui se cachent derrières des phraséologies inopportunes. L'histoire  est têtue.

Christian Tchanou

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