Le Conseil des Ministres s’est réuni en séance extraordinaire le lundi 30 juin 2008. Au cours de cette séance, le Conseil des Ministres a examiné essentiellement deux communications du Ministre de l’Industrie et du Commerce. La première est relative à la situation de l’offre du ciment au Bénin. Cette situation est caractérisée par : 1°- une forte demande due entre autres à la réalisation par le Gouvernement de grands projets pour le renouvellement, le renforcement et le développement des infrastructures économiques et sociales, aux besoins en ciment des opérateurs économiques privés et à l’engouement des citoyens pour réaliser leur propre habitation ;
2°- une demande qui dépasse largement la capacité réelle de production des trois unités installées au Bénin à savoir, la Société des Ciments du Bénin (SCB), CIMBENIN et SCB LAFARGE et qui affichent un déficit réel annuel de un million de tonnes de ciment ;
3°- les contraintes du marché international et le prix pratiqué sur le marché national rendent prohibitive l’importation par les opérateurs économiques des quantités de ciment complémentaires, malgré les 250 autorisations qui leur ont été délivrées par le Ministre de l’Industrie et du Commerce ;
4°- un déséquilibre entre le prix officiel du ciment au Bénin et ceux pratiqués dans la plupart des pays de la sous région où le prix varie entre 120.000 F et 140.000 F la tonne, avec comme conséquence la sortie frauduleuse et massive du ciment localement produit vers ces pays.
5°- une forte spéculation qui résulte de ce déséquilibre permanent entre l’offre et la demande sur le marché national où le prix réel oscille entre 80.000 et 100.000 FCFA la tonne contre le prix officiel maintenu à 69.000 FCFA la tonne.
La situation ci-dessus décrite s’est accentuée depuis quelques mois en raison des difficultés de trésorerie auxquelles sont confrontées les trois sociétés cimentières et qui sont préjudiciables à leur cycle d’exploitation. Ces difficultés sont dues au renchérissement de certaines matières premières importées, malgré les exonérations fiscales octroyées par le Gouvernement. Les facteurs de ce renchérissement sont entre autre la flambée du cours du pétrole et du fret maritime, les charges supplémentaires induites par l’usage des groupes électrogènes en raison du délestage.
Il convient de souligner que le prix de 69.000 FCFA la tonne de ciment en vigueur actuellement n’a été maintenu à ce niveau que grâce, d’une part, aux négociations conclues depuis juin 2007 entre le Ministre de l’Industrie et du Commerce et les trois sociétés cimentières et, d’autre part, aux allègements fiscaux et autres facilités consentis par le Gouvernement ces huit (08) derniers mois.
Aujourd’hui, le maintien du prix du ciment à son niveau actuel induit de nombreuses conséquences néfastes à savoir, d’abord l’arrêt des activités de certaines de ces sociétés pour des raisons d’ordre économique, ensuite les menaces de licenciements collectifs et de chômage technique des personnels pour les mêmes motifs, et enfin les grèves de ceux-ci ces derniers jours.
Eu égard à ce qui précède, il s’est avéré impérieux de donner à ces problèmes une réponse économique adéquate qui ne pénalise pas l’industrie cimentière du Bénin, qui n’aggrave pas la pénurie du ciment et qui permet de maintenir le prix du ciment dans des proportions raisonnables et supportables par les consommateurs béninois. Aussi, le Conseil des Ministres, après un examen minutieux et un ajustement conséquent de la structure du prix du ciment, a-t-il pris la décision de fixer pour compter du mardi 1er juillet 2008, le prix unique de la tonne à 80.000 FCFA sur toute l’étendue du territoire national.
A cet effet, des instructions ont été données aux Ministres concernés, chacun en ce qui le concerne pour :
-faire prendre par les sociétés productrices et les sociétés importatrices de ciment des dispositions en vue d’accroître substantiellement l’offre nationale et garantir la disponibilité du ciment en quantité suffisante dans toutes les localités du Bénin ;
-encourager la création de coopératives communales de commercialisation du ciment ;
-promouvoir la vulgarisation des techniques de construction à faible consommation de ciment et d’utilisation à grande échelle de matériaux locaux de construction ;
-informer et sensibiliser les consommateurs sur l’ajustement ainsi opéré.
La deuxième communication est relative au compte rendu des travaux de la commission d’ajustement des prix des produits pétroliers.
Il faut rappeler également que malgré le renchérissement quasi quotidien desdits produits sur le marché international, le Conseil des Ministres avait décidé du maintien pendant trois (03) nouveaux mois à compter du 1er avril 2008, des prix en vigueur avant cette date, ce, grâce aux allègements fiscaux et à la subvention accordée par le Gouvernement au pétrole, au gaz domestique et au gasoil, avec l’espoir d’une stabilisation des prix. Mais la hausse effrénée des cours du pétrole, de l’essence, du gasoil et du gaz domestique s’est poursuivie sur le marché international, rendant de ce fait indispensable le relèvement des prix de certains de ces produits pétroliers.
Dans le souci de garantir et de sécuriser l’approvisionnement de notre pays en produits pétroliers notamment en gasoil, le Conseil des Ministres a donc approuvé la communication du Ministre de l’Industrie et du Commerce, et entériné les prix des produits pétroliers fixés ainsi qu’il suit pour compter du 1er juillet 2008.
-essence : ……………….. 500 F le litre
-gasoil : ……………….. 480 F le litre
-mélange :……………… 585 F le litre
-gaz domestique :…………480 F le kilogramme.
Pour ce qui est du pétrole lampant utilisé par la grande majorité des populations de nos villes et campagnes, son prix n’a pas varié et reste fixé à 350 F le litre.
Cotonou, le 30 juin 2008
Le Secrétaire Général du Gouvernement,
Victor P. TOPANOU
Laisser un commentaire