« Le spectre de mai 2007 hante déjà les esprits » avait déclaré le Syndicat des travailleurs de la justice et assimilés du Bénin (Syntrajab) lors de sa dernière conférence de presse organisée à Cotonou. Et curieusement, c’est sur ce sentier que s’engagent ces agents depuis deux semaines déjà.
En effet, depuis le 9 Juin dernier le Syntrajab a déclenché une nouvelle grève illimitée qui paralyse les tribunaux et les cours d’appel dans tout le Bénin. En vue de prévenir cette triste situation qu’avait vécue la justice béninoise l’année écoulée le Syntajab , face aux hommes des médias, a tenu à prendre l’ opinion publique nationale et internationale à témoin par rapport au « mutisme du gouvernement » face à leur revendications. Les mêmes revendications avaient conduit le personnel judiciaire à déclencher une grève historique le 02 mai 2007,qui avait paralysé l’appareil judiciaire pendant plusieurs mois. Ce mouvement a eu des conséquences néfastes dont l’engorgement des maisons d’arrêt, l’absence de reddition de décisions en toute matière et la non délivrance de certaines pièces essentielles.
A l’issue des nombreuses négociations, le syndicat s’est convenu avec le gouvernement d’un protocole d’ accord ayant permis au personnel de suspendre le mouvement selon le syntrajab. Suite à ce protocole d’accord, poursuit-il, le gouvernement n’a satisfait aucune des revendications exprimées, selon ce syndicat. Les militants du syntrajab, se désolent du coup, et se disent actuellement « marginalisés ,muselés , bâillonnés et réduits à une vie de piétaille sous la bénédiction bienveillante du garde des sceaux ». Pour ces travailleurs , la misère et la précarité de l’emploi n’ont pour cible que le personnel judiciaire membre du Syntrajab, « Sinon, comment comprendre que des primes et indemnités expressément prévues par le décret N° 2004-716 du 30 décembre 2004 portant statut particulier des corps des personnels des services judiciaires et la N°2007-01 du 29 mai 2007 portant statuts des greffiers et officiers de justice ne soient que de pures chimères » s’interroge l’un des responsables du syndicat lors de leur dernière conférence de presse . « De plus, l’arrêté interministériel portant primes d’heures supplémentaires signé le 28 septembre 2007, demeure jusqu’à ce jour inappliqué et inapplicable. Entre autres, le personnel a affirmé que la comptabilité du ministre ne fournit aucun effort pour suivre les dossiers en ce qui concerne les primes trimestrielles » avait-il poursuivi.
Par ailleurs, la direction des ressources humaines ne ferait aucune diligence pour accélérer le recensement des agents occasionnels dans les corps créés par le décret pris à cet effet selon toujours Syntrajab. Le syndicat exige un toilettage au niveau de la direction des ressources humaines, des ressources financières et du matériel, pour éradiquer les dysfonctionnements constatés. Il invite aussi le garde des Sceaux, le ministre de la justice, de la législation et des droits de l’homme à prendre acte de la volonté du syntrajab car, « l’histoire semble répéter, puisque le spectre de mai 2007, hante déjà les esprits. Ce mois apparaît comme une date de rupture, un tournant décisif, un rendez-vous que le syntrajab n’a jamais manqué » .
Marius Kpoguè