Multiplicité des grèves

Mépris ou oubli du gouvernement?
Le climat social est des plus agités depuis quelques mois. Plusieurs secteurs sont ainsi paralysés sans que le gouvernement ne réponde aux doléances des syndicalistes. Malheureusement, ce sont les populations qui paient le prix fort. Pendant ce temps,  les partis politiques végètent dans un silence coupable et complice.

Il n’est pratiquement plus de secteurs de l’administration publique où des grèves ne sont en cours depuis plusieurs mois. Le service public fonctionne au ralenti. Les Béninois sont pénalisés. Plus aucune formalité administrative n’est possible dans le délai prescrit. Les Béninois sont ainsi soumis au diktat des travailleurs et du gouvernement. Les activités commerciales subissent également le coup de cette situation qui n’a que trop duré.

Les secteurs les plus touchés
Le secteur de la justice fonctionne depuis plusieurs mois au rythme des grèves trois jours par semaine. Les usagers des tribunaux souffrent depuis le martyr. Les légalisations, les procès et autres besoins des usagers de ces services ne sont plus possibles. On note une pléthore d’effectif dans les établissements pénitenciers. Or, le secteur de la justice était déjà décrié pour ses prestations. L’autre domaine dont les grèves font actuellement rage est celui de la santé. Bien que vital, ce secteur est soumis à un bordel savamment orchestré.  Le taux de mortalité a semble-t-il grimpé dans les centres de santé. Les agents qui sont réquisitionnés étalent souvent des carences préjudiciables aux patients. Les préfectures ont aussi enclenché une grève illimitée depuis le 1er juillet dernier. Il est désormais très difficile d’établir une pièce d’identité, de faire des enregistrements et de bénéficier des autres prestations des préfectures. Tous ces services susmentionnés sont paralysés au moins soixante-douze heures par semaine. Par ailleurs, si on note actuellement une accalmie sur  le front de l’enseignement pour cause de vacances, ce n’est pas le cas au niveau de certains ministères. Que ce soit le ministère de la jeunesse, des sports et loisirs, celui de la Culture, de l’artisanat et du tourisme, ou ceux de l’Environnement, du Commerce et de la Communication, c’est une situation   de reculer pour mieux sauter qui est notée. C’est dire que d’autres fronts de turbulence sont latents.

Le mépris du gouvernement  
Si les grèves perdurent dans les différents secteurs, c’est du seul fait du gouvernement. En effet, le gouvernement est l’unique détenteur de la bourse. A ce titre, il est le principal et seul interlocuteur des travailleurs. C’est à lui que revient le devoir de répondre aux doléances des travailleurs. Mais, on constate malheureusement qu’aux doléances de ces travailleurs, l’Etat répond par le silence. Du coup, ces derniers ont laissé perdurer les grèves et se sont installés dans une logique jusqu’au-boutiste. On a l’impression par contre, que le gouvernement quant à lui, a opté pour guerre d’usure. Autrement dit, dès que les syndicalistes seront fatigués, ils arrêteront d’eux-mêmes les mouvements. Les pots cassés de cet affrontement sont dès lors ramassés par les populations qui paient le prix fort de cette incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes des travailleurs. Plus qu’une incapacité, c’est à un  mépris manifeste qu’il est question de la part du gouvernement. Non seulement il méprise les syndicalistes, mais aussi et surtout les Béninois. Car, si le gouvernement pouvait un temps soit peu  se rendre compte des désagréments qui sont causés aux populations, il se déciderait à trouver un terrain d’entente avec les acteurs sociaux.

Le silence complice des partis politiques
Dans cette épreuve que subit depuis quelques temps le peuple béninois, les partis politiques, animateurs de la vie politique, sont demeurés muets.  Alors qu’en temps d’élections, on les aurait déjà vu, clamant leur ardent désir de faire le bonheur de cette population. Mais aujourd’hui, face au mépris du gouvernement et les affres des grèves incessantes, ils ne jugent apparemment pas opportun d’effectuer des sorties pour interpeller le gouvernement sur cet état de choses. Ainsi, donnent-ils raison à ceux qui pensent qu’il n’existe pas de partis politiques au Bénin, mais des clubs électoraux dont les animateurs ne poursuivent que leurs propres intérêts.

Benoît Mètonou

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