L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, plus connue sous son acronyme OTAN, est un sous-produit de la Guerre froide. Il avait pour rôle de faire pendant au Pacte de Varsovie qui rassemblait derrière l’ex-URSS tous les pays du Bloc communiste. Avec l’Otan, toute l’Europe Occidentale se mettait sous la protection du parapluie nucléaire des Etats-Unis.
Le monde était alors divisé en deux blocs antagonistes, l’Ouest contre l’Est, avec des sphères d’influence si bien délimitées qu’un bloc ne pouvait assister les bras croisés à l’extension de l’autre bloc. Ainsi la Grèce et le Portugal n’ont pas pu devenir communistes malgré de puissants partis communistes. Les longues et meurtrières guerres de Corée et du Vietnam n’avaient d’autre explication que l’application de la théorie des dominos si chère à John Foster DULLES, secrétaire d’Etat américain sous le Président Harry TRUMAN et le principal artisan de la politique extérieure américaine pendant la Guerre froide. La théorie des dominos avec ses diverses expressions doctrinales comme «Roll back » puis surtout «Containment », avait comme objectif de contenir le Bloc communiste derrière le Rideau de fer et de ne pas permettre que tombent sous l’influence soviétique, des pays du « monde libre » comme la Turquie, la Grèce, le Portugal, la Corée du Sud, le Vietnam du Sud ou des pays en voie de décolonisation ou indépendants du Tiers-monde (les Pays non-alignés).
Il est dès lors évident que l’existence de l’OTAN ne se justifiait plus depuis que l’éclatement de l’Union Soviétique avait entraîné celui du Bloc communiste. Que des pays anciennement communistes (les démocraties populaires) adhèrent en masse à l’Union Européenne, cela peut encore se comprendre ; puisque l’Union Européenne est avant tout une union économique et non une alliance militaire. Mais c’est totalement intolérable que les Etats-Unis par le biais de l’OTAN, cet instrument qu’ils contrôlent complètement, profitent de l’isolement sécuritaire de la Russie dépossédée non seulement des anciens pays du Bloc communiste, mais surtout des anciennes républiques socialistes soviétiques de l’ex-URSS, pour asseoir leur hégémonie sur le monde entier. L’UKRAINE et la Géorgie dans l’OTAN ? Non, mais ! Qui est fou ? C’était presque intolérable pour l’ex-URSS d’avoir sur son flanc sud une Turquie membre de l’OTAN ; mais encercler totalement la Russie par des bases de missiles balistiques directement tournés vers elle est d’autant plus inacceptable que les Etats-Unis en 1962 n’avaient pas permis que l’ex-URSS, celle pourtant de la coexistence pacifique du débonnaire Nikita KROUTCHEV, installât à Cuba une base de du même genre. Comment ce qui était valable en 1962 ne le serait-il pas en 2008 alors que l’OTAN existe toujours ? La chancelière allemande Angela MERKEL a-t-elle mesuré toute la gravité de ses propos quand elle extravaguait à Tbilissi que la Géorgie pouvait faire partie de l’OTAN si elle le désirait ? Voilà une provocation inutile contre la Russie. Pourquoi pense-t-elle mieux faire que Nicolas SARKOZY, le président en exercice de l’Union Européenne ?
Les dirigeants européens doivent faire preuve de discernement et de réserve lorsqu’une république de l’ex-URSS veut se mettre sous la protection des Etats-Unis à travers l’OTAN. En effet, où est l’intelligence politique lorsque Mikhaïl SAAKACHVILI, par peur d’une menace imaginaire venant de la Russie à qui la Géorgie est liée par des liens multiséculaires, insiste pour mettre son pays sous la domination américaine ? L’Europe a un rôle historique à jouer pour contrer les velléités impérialistes toujours actuelles des Etats-Unis.
Et si on mettait fin purement et simplement à l’existence anachronique de l’OTAN qui fait courir de sérieux dangers à la paix mondiale ? Ainsi, elle s’arroge le droit de supplanter les Nations-Unies et de donner une légalité apparente à ses interventions ; comme en Serbie où elle a favorisé l’indépendance du Kosovo par ses forces soi-disant de maintien de la paix ! Il sera difficile de faire avaler aux Russes que ce qui est permis à l’OTAN ne peut pas l’être pour la Russie. Eh oui ! Elle maintient aussi la paix par sa présence militaire en Ossétie du Sud et en Abkhazie et comme dans le cas du Kovoso, l’ONU ne pourra qu’entériner le fait accompli de l’indépendance de ces républiques séparatistes. D’ailleurs, les Etats-Unis à travers l’OTAN ne fait plus peur à des pays comme l’Iran, la Corée du Nord ; parce que les injections impertinentes de cette puissance sous le couvert de cette nébuleuse qu’est la communauté internationale, fait se dresser contre elle des pays comme la Chine et les nouveaux pays progressistes d’Amérique Latine.
Par Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC