La coordination de «Vendredi des artistes» en partenariat avec le Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (Psicd) a convié le vendredi 25 juillet dernier les animateurs du monde culturel à une séance de débat autour du thème «La place de la culture dans la coopération entre l’Union européenne et le Bénin: bilan et perspectives», à Cotonou.
Au cours de cette rencontre animée par des représentants de la délégation de l’Union européenne et du gouvernement béninois, les participants ont été informés sur la part que tient le secteur de la culture dans l’appui de l’Union à l’Etat béninois et exprimé leurs inquiétudes quant au devenir du Psicd dans le 10eme Fed.
La coopération entre l’Union européenne et le Bénin est au mieux de sa forme. En témoignent les divers accords signés entre cette institution et l’Etat béninois. La mise en œuvre de programmes et projets financés par le Fonds européen de développement (Fed) constitue des faits d’arme de cette coopération, selon Claude Cassa, chargé de programme à la cellule d’appui à l’ordonnateur national du Fed. La signature du 10ème Fed dénote du dynamisme de cette coopération. La place de la culture dans ce partenariat tient, à en croire Ivan Voevodsky, chargé de programme à la Délégation de la Commission européenne, de la mise en œuvre du Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées (Psicd). Ce programme a pour objectif de contribuer à une meilleure prise en charge du développement culturel béninois dans sa double dimension technique et géographique, en soutenant notamment l’émergence et le renforcement durable d’acteurs culturels décentralisés ainsi que la structuration et l’organisation du secteur culturel béninois, a souligné Babacar Ndiaye, son coordonnateur. Le Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées s’inscrit donc dans le cadre de cette coopération. En application de la Convention de financement N° 09 Acp Ben 11signée le 10 août 2005 pour un montant d’environ un milliard neuf cent vingt huit millions (1.928.000.000) FCfa, il a été mis en place pour une période de trois ans (mars 2006-juin 2009). A mi-parcours, il est à mettre à son actif plusieurs réalisations. Ainsi concernant le renforcement des capacités, deux cent dix (210) acteurs culturels ont bénéficié de formation aussi bien en décentralisation et en développement culturel local, en journalisme culturel et critique d’art, management, gestion des carrières artistiques, qu’en gestion des associations et des projets culturels et en animation culturelle. Au-delà des acquis pédagogiques au double plan technique et artistique, ces formations, a précisé le coordonnateur du Psicd, ont facilité l’élargissement des horizons professionnels des bénéficiaires et permis d’impulser une nouvelle dynamique dans le secteur grâce aux productions et aux réseaux professionnels constitués. De plus, un portail culturel (www.artbenin.com) destiné à mettre en valeur la vie artistique et culturelle du pays, a été conçu et mis en ligne en août 2007. Un fonds de six cent trente millions (630.000.000) de francs Cfa a par ailleurs permis de financer au terme d’une procédure rigoureuse et transparente, trente deux (32) projets structurants répartis sur l’ensemble du territoire national et touchant à toutes les filières culturelles (théâtre, musique, danse, arts plastiques et appliqués, lettres, patrimoine, cinéma et audiovisuel). L’injection directe de ce fonds dans le secteur, a indiqué Babacar Ndiaye, a consolidé les associations et entreprises culturelles bénéficiaires et élargi les opportunités de financement des projets présentés par les opérateurs culturels. Malgré les réalisations et les acquis enregistrés en deux ans, la maturation du secteur culturel béninois nécessite encore, selon lui, des appuis spécifiques que viendront compléter les efforts considérables déjà entrepris par les pouvoirs publics à différents niveaux.
Si les acquis tels que énumérés par le coordonnateur du Psicd augurent à priori d’un meilleur lendemain pour le secteur de la culture et des arts au Bénin, ils sont loin d’apaiser les acteurs culturels. Ils sont depuis peu inquiets quant à la nouvelle orientation donnée à l’appui aux initiatives culturelles décentralisées dans le 10ème Fed. Le regroupement des appuis aux organisations de la société civile et aux initiatives culturelles à travers un seul et unique programme, tel que formulé dans le 10ème Fed n’est pas de nature à les rassurer. Ils ont saisi l’opportunité de la rencontre pour interpeller les différents acteurs impliqués dans la formulation de cette nouvelle orientation qui appelle à une disparition du Psicd. Pour Ivan Voevodsky, en décidant de regrouper l’ensemble des appuis spécifiques aux Organisations de la société civile (Osc) à travers un seul et unique programme, le gouvernement et la Commission européenne ont visé une plus grande efficacité dans la mise en œuvre des programmes et projets financés par le Fed. Ceci en vue «d’un renforcement de l’ancrage des Osc et des acteurs culturels aux enjeux locaux et nationaux de développement, dans un contexte de gouvernance concertée». Ainsi, les actions de renforcement de capacités des différents bénéficiaires leur permettront d’agir efficacement dans leurs divers domaines d’interventions. Toutes les actions à développer dans le cadre du 10ème Fed se structurent, a-t-il expliqué, autour de la mise en place et de la gestion d’un fonds destiné aux Osc béninoises et aux acteurs culturels et fonctionnant par appels à propositions. L’appui aux initiatives culturelles décentralisées ne disparaîtra pas de la ligne budgétaire du 10ème Fed, a-t-il rassuré. Une enveloppe spécifique de 2,5 millions d’euros a été réservée dans le budget de manière à assurer la continuité des dynamiques créées dans le cadre du Psicd, tant sur le plan des initiatives que celui des activités structurantes pour le secteur de la culture telles que les formations techniques et artistiques, l’animation des lieux culturels et le développement culturel local sur l’ensemble du territoire. Il s’agit à travers cette nouvelle orientation de capitaliser l’expérience acquise durant les programmes précédents tout en assurant la continuité des instruments mis en place, notamment pour le financement des initiatives. Des arguments qui n’ont point permis aux participants de rengainer leur colère. Pour eux, les deux partenaires sont en train d’arrêter une dynamique pourtant porteuse d’espoir pour le secteur de la culture.
Fortuné Sossa