Les Npe en marche dans l’enseignement secondaire ?
Si dans l’enseignement primaire, les Nouveaux programmes d’études (Npe) continuent de susciter de grands remous, c’est l’effet contraire qui se note au secondaire. Le processus semble évoluer normalement selon plusieurs témoignages, quand bien même d’autres problèmes majeurs tentent de le compromettre.
La généralisation de Nouveaux programmes d’études ( Npe) a atteint la classe de troisième, et l’expérimentation, la classe de terminale au cours de l’année scolaire 2007-2008 qui vient de commencer. Tout semble donc aller normalement dans le processus de leur introduction dans l’enseignement secondaire, au regard de l’engouement qu’ils suscitent, tant chez les apprenants que les enseignants. Dans les collèges, lycées et établissements secondaires du Bénin, le rejet des Npe n’est pas tellement à l’ordre du jour, contrairement aux écoles maternelles et primaires où elles suscitent toujours de grandes contestations. Pour Mr Agbazaou, Directeur départemental de l’enseignement secondaire et de la formation technique et professionnelle, (Ddesftp) la raison est toute simple. « C’est une nouvelle approche qui a ses exigences et qui a besoin d’un niveau intellectuel pour être mieux maîtrisée, et cela permet aussi la remise en cause permanente de l’enseignant. Autant d’aptitudes que ne possèdent pas toujours les enseignants du primaire ». De plus, ajoute-t-il, ces derniers sont étouffés parfois parce qu’étant seuls à enseigner plusieurs matières à la fois. Dans ces conditions, les contraintes liées aux Npe ne peuvent pas être correctement appliquées dans des salles de classes à effectif pléthorique. Il n’empêche que quelques enseignants du secondaire éprouvent des difficultés quant à la conduite pédagogique, sans pour autant exiger son retrait pur et simple.
Des obstacles à lever
Reste que des problèmes majeurs et persistants constituent encore des handicaps pour la bonne réussite des Npe au secondaire. Entre autres, les salles de classes manquent encore cruellement. Pour le cas de l’Atlantique et du Littoral , la gestion des 73 établissements secondaires ( selon les dernières statistiques), demeure un casse-tête pour les autorités académiques départementales. Les classes volantes sont toujours d’actualités, créant d’énormes difficultés dans la bonne conduite des activités académiques. Ailleurs, elles n’existent même pas, obligeant ainsi des élèves à suivre quelques cours seulement durant toute de l’année scolaire. Le classement des nouveaux collégiens dans ces établissements, est aussi l’autre difficulté qui subsiste chaque année. « Il a fallu se battre durement et travailler d’arrache-pied pour réussir à repartir les 35000 candidats admis au Cep cette année dans tous les établissements des deux départements » affirme le Ddesftp qui indique un surpassement de 18000 admis en 2008 par rapport aux années antérieures.
La question de la qualification des enseignants n’est pas non plus exclue dans ce volet, autant que celle de leur nombre et leur statut. Le dossier de reversement des enseignants contractuels dans la fonction publique est loin d’être achevé. Des zones d’ombres existent et laissent craindre des conséquences sur le bon déroulement de l’année scolaire fraîchement entamée. « A l’heure où nous sommes, aucune correspondance n’est encore parvenue à notre niveau pour nous situer sur le nombre d’enseignants reversés à mettre à notre disposition », confie, inquiète, une source proche des autorités académiques des départements de l’Atlantique et du Littoral. Il ressort d’autres informations obtenues, que les contingents d’enseignants reversés auraient été plutôt mis directement à la disposition des communes et devraient démarrer les cours dès cette rentrée. Comment les loger ? Comment les organiser ? Des questions qui se posent en ce moment au sein de la Direction départementale qui semble avoir jusque-là peu de visibilité sur ce dossier. « Avec l’histoire des reversés, nous aurons du pain sur la planche en cette année scolaire. Et pire encore, si l’on n’oriente pas autrement les formations, en insistant surtout sur l’encadrement pédagogique » se préoccupe, Cossi Kocou Paul, inspecteur d’enseignement secondaire à la retraite. Il estime par ailleurs, qu’à travers les Nouveaux programmes d’études, le souci fondamental est la tendance vers une école émergente. Un rêve qui ne peut être réalisé qu’avec l’apport de tout le monde. Ses propositions vont dans le même sens : « Que les parents ne croisent plus les bras en laissant tomber le suivi de leurs enfants à la maison. Les enseignants doivent aussi rester dans la même logique. Les élèves doivent quant à eux comprendre qu’on va à l’école pour se former pour la vie et non pour acquérir seulement des compétences »
Christian Tchanou