Les justifications du gouvernement
Depuis quelques semaines, le gouvernement du Dr Boni Yayi a introduit un budget remanié pour la gestion 2008. Les justifications de cette loi rectificative qui résident selon le gouvernement sur quatre plans… (…)social, économique, infrastructurel et sécuritaire, ne sont cependant pas assez convaincantes et totalement exempt de critiques.
Les députés de la cinquième législature vont bientôt ouvrir une session qui sera consacrée à l’étude de la loi de finances rectificative pour la gestion 2008 introduite par le gouvernement. Précédemment d’un montant de 1023 milliards de Fcfa, le budget révisé est actuellement porté à 1164 milliards En effet, c’est dans le but de prendre en compte les nouvelles mesures apparues en cours de gestion, de régulariser et de poursuivre la réalisation de différentes tâches retenues et les réformes en cours dans le cadre de l’œuvre de construction d’un Bénin émergent, que le gouvernement du Dr Boni Yayi a jugé utile de remanier le budget initial. Comme il est inscrit dans le rapport de présentation de ladite loi, les préoccupations qui justifient ces mesures complémentaires sont de quatre ordres. Ainsi, sur le plan social, le gouvernement estime qu’il doit faciliter l’accès à certains produits alimentaires et matériaux de construction à travers l’ouverture de boutiques témoins dans les chefs lieux de commune pour faire face à la cherté de la vie. Le gouvernement justifie également cette loi rectificative par le fait qu’il faut faciliter l’accès à l’enseignement supérieur en rendant effectivement gratuite l’inscription dans les facultés. La troisième raison évoquée sur le plan social repose sur la mise en application effective des engagements du gouvernement pour apaiser le climat social dans la fonction publique. Sur le plan économique, le gouvernement prend appui sur le fait qu’il faut accélérer les mesures en cours dans le cadre de l’autosuffisance alimentaire. Il s’agit également de profiter de ce budget remanié pour augmenter la contribution du Bénin au capital de la Banque sahélo sahélienne d’investissement et de commerce (Bscic) et de participer avec certains pays africains au développement des biocarburants en réaction à la hausse du prix du prix du baril de pétrole. Le gouvernement béninois se base également, dans le domaine des infrastructures, sur le fait de poursuivre les grands travaux, la politique de l’habitat et l’aménagement ou la réhabilitation des voies des grandes villes. La seconde préoccupation du gouvernement sur le plan des infrastructures est d’accroître la capacité d’accueil de l’aéroport international de Cotonou et de démarrer les travaux de construction de celui de Tourou. A ce niveau, il est préciser que c’est pour rétablir et améliorer la liaison aérienne entre le sud et le nord. Sur le plan de la sécurité, le président Boni Yayi et son équipe brandissent les raisons ci-après : la poursuite du renforcement du dispositif de sécurité dans les grandes villes pour la quiétude des populations, le rétablissement de la communication en permanence entre les structures techniques et le ministère de la sécurité et de l’intérieur. C’est en substance sur ces préoccupations qu’est fondée la loi de finances rectificative introduite par le gouvernement.
Des arguments trop légers
Le gouvernement béninois attend que la Représentation nationale lui donne des moyens complémentaires pour pourvoir continuer la mise en œuvre de sa politique. Or, faut-il le rappeler, c’est pour la première fois dans l’histoire que le budget du Bénin a atteint les mille milliards et pourtant. Seulement les raisons évoquées ne sont pas toutes urgentes et incompressibles comme cela doit être le cas en matière de loi de finances rectificative. C’est le cas par exemple de l’ouverture des boutiques témoins dans les chefs lieux des communes. Si l’idée est noble, il faut cependant se rendre compte que cela n’est pas sans rappeler le communisme qui est en contradiction avec le système libéral dont le Bénin a fait l’option avec l’avènement de la démocratie. Mais, il faut également ne pas se voiler la face et noter que les boutiques témoins déjà installées dans certaines villes, non seulement elles ne sont pas approvisionnées comme cela se doit, mais leur implantation n’a eu aucun impact sur l’inflation sur les marchés contrairement à ce que peut constater en Mauritanie et d’autres pays qui copié le Bénin dans ce domaine. Faut-il alors continuer ? C’est également pour honorer ses engagements et assurer un climat social que le gouvernement a introduit une loi de finance rectificative. On se demande dès lors, avec les négociations qui n’ont toujours pas d’issue sur quelle base, le ministre des finances a élaboré ce budget. Par approximation, par excès ou par défaut ? Sur le plan économique, le gouvernement évoque la nécessité d’accroître la contribution du Bénin au capital de la Bsic. On se demande l’urgence que cela comporte pour qu’on puisse s’en servir pour initier une loi de finances rectificative. L’autre raison qui ne se justifie pas est la construction de l’aéroport de Tourou. En effet, depuis des lustres, le projet d’en construire un à Glo-Digbé est en souffrance. Alors comment décider subitement d’en construire un à Tourou alors que les activités dans cette zone, le train de vie des Béninois ne favorisent pas un tel projet. Affaire à suivre.
Benoît Mètonou