XII è conférence de la francophonie

Le Québec, la France et les autres
Québec- Canada: Le XIIème sommet de la francophonie s'est ouvert vendredi dernier avec un léger retard sur  l'heure prévue((17h30 heure de Québec, soit 23h3O à Cotonou )dans la grande salle  polyvalente de  l'hôtel Hilton de Québec au milieu d'un dispositif sécuritaire digne des plus grands sommets du G7 et 8.

Au terme de la série  de discours de circonstance,  on perçoit une constante: la francophonie a un rôle à jouer dans la résolution des problèmes du monde.Une constante  toutefois atténuée  par l'option de Sarkozy pour  un certain universalisme.

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Circulation fortement réglémentée dans le centre ville, zone du centre de conférence totalement,   barricadée  et interdite à la circulation , présence massive d'un important détachement des forces armées du Canada dans tout le centre ville , hélicopters tournoyant dans le ciel autour du Hilton Hotel lieu de la conférence  jusque tard dans la nuit, rien n'a , semble t-il , été laissé au hasard pour assurer la sécurité de la soixantaine de délégués à la conférence de la francophonie au Québec.   C'est dans cette ambiance  de  haute sécurité qu'a eu lieu la cérémonie d'ouverture de la XIIème conférence des chefs d'Etat de la francophonie. Ambiance des grands jours avec animation par un orchestre de folk songs .    
 S'il fallait trouver un thème commun à la dizaine d'allocutions prononcées dans l'immense salle de conférence du Hilton Hôtel de  Québec, ce serait moins la langue française  défendue becs et ongles par le premier ministre du Québec Jean Charrest que la nécessité pour l'organisation  de  compter comme une entité à part dans la résolution des problèmes mondiaux.  La dizaine de chefs d'Etat et de  souverains qui ont défilé au pupitre installé à l'entrée du box des officiels  l'ont évqué au détour d'une phrase ,  s'ils n'en ont  pas fait le sujet principal de leurs interventions. Du président Boni Yayi du Bénin au  roi Norodom Sihamoni en passant par le président de la commission européenne et le sécrétaire général de l'Onu, tous ont mis l'accent sur l'unité pour faire entendre la voix francophone dans le monde. Le président Sarkozy l'a martelé dans son allocution  prononcée sur le mode lyrique et  enflammé qu'on lui connaît: »La francophonie », dit- il ce n'est pas que la langue ». Et d'énumérer l'ensemble des problèmes qui accablent le monde, problèmes à la résolution desquels il invite la francophonie à prendre sa part:l'environnement avec la question épineuse du réchauffement de la planéte et son corollaire ,  la réduction des gaz à effet de serre mais surtout la grave crise financière qui  frappe , à ses yeux l'ensemble des pays de la planète-terre.  A l'en croire, cette crise est la plus grave depuis celle des années 30 de triste mémoire. Et il faut en profiter,  dit-il,  pour en finir avec ce qu'il appelle " le capitalisme de spéculation" . Pour lui , il est temps de substituer à ce capitalisme qu'il avait  aussi qualifié peu avant le sommet de  «  capitalisme de casino » , « un capitalisme d'entrepreneur », plus humain  à ses yeux. Sarkozy qui est arrivé à Québec,  dans la matinée ,en compagnie du président de la Commission de l'Union Européenne, a annoncé son voyage de vendredi – en plein sommet francophone-à  Camp David pour rencontrer le président Bush afin de défendre l'idée d'une rencontre mondiale,à laquelle seraient conviés les nouveaux pays émergents comme la Chine , l'Inde ou le Brésil . Une sorte de remake de la célèbre conférence de Bretton Woods, lieu de naissance des institutions financières qui régentent le monde.

Le Québec piégé
 Ce discours universaliste  n'a pas dû  plaire au Premier ministre québécois, Jean Charrest qui a défendu à la même tribune quelques instants auparavant, l'idée d'une communauté basée sur l'identité de la langue.  C'est d'ailleurs pour cette,  raison dit-il,  qu'il a proposé à l'ordre du jour   de la conférence, un débat sur la place de la langue française. Dans la matinée, Sarkozy n'a -t-il pas proclamé du haut de la tribune du parlement québécois son soutien à la cause  des héritiers de Champlin,  le pionnier fondateur du Québec français?  Ces propos sont  largement atténués par la déclaration précédente du même Sarkozy devant le Premier ministre canadien Stephen Harper sur la nécessité de s'unir davantage dans un monde totalement mondialisé.  « Le monde ,  a dit avec force Nicolas Sakozy, n'a pas besoin de division,il a besoin d'unité. » On est loin du « vive le Québec libre «  du général de Gaulle qui a fait vibrer et rêver les Québécois à la fin des  années 60. Le Soleil , un des quotidiens  à grand tirage de Québec ne s'y est pas trompé en titrant dans son édition du vendredi: « Sarkozy  choisit le camp des fédéralistes ». Allusion  à l'éternelle lutte fratricide entre les partisans de la souveraineté du Québec, qu'on désigne ici par le néologisme "souverainistes" , défenseurs de l'indépendance du Québec et les "fédéralistes" qui soutiennent le maintien du Québec dans l'ensemble Canadien.
Cohérence et reculade
 Derrière cet exercice apparent de funambulisme, il y a une parfaite cohérence dans le discours et la vision de Sarkozy. Avant le sommet de Québec , ce dernier était dans la dynamique de la rupture avec la francophonie de papa , version de Gaulle,  Chirac et Miterrand. L'annonce de sa non participation à la clôture du sommet- chose inédite depuis la création de l'organisation- et le fait d'avoir écourté   sa visite officielle prévue de longue date au Québec avant le sommet,  étaient  autant de signaux forts destinés tant  aux souverainistes québécois qu'aux nostalgiques du passé d'ailleurs. L'accueil glacial réservé  à l'Elysée à la délégation conduite le 7 octobre dernier par le Secrétaire général de la francophonie,  l'ancien président Abdou Diouf en est la parfaite illustration. Une source digne de foi qui était sur les  lieux rapporte que la délégation qui l 'accompagnait a fait l'objet de pires humiliations et  la traditionnelle prise de vue sur le perron de l’Elysée  a été purement et simplement annulée. Il n'en demeure pas moins que la polémique suscitée par l'annonce de sa non participation à la clôture du sommet a eu son effet.  Le secrétaire d'Etat à la Coopération  Alain Joyandet a dû convoquer une conférence de presse expresse pour remettre les pendules à l'heure,  sans convaincre. Personne n'a avalé  son argumentation sur la prééminence de la résolution de la crise financière sur un sommet de la francophonie prévu de longue date. Abdou Diouf a eu droit à l'appellation familière: »mon cher Abdou, » par deux fois dans le discours  de Sarkozy à l'ouverture du sommet de Québec  et à l'annonce officielle de la mise à la disposition de la francophonie d'un vrai siège: "la Maison de la francophonie." L 'arrivée  in extremis à Québec du premier ministre Fillon pour suppléer à l'absence de son président à la clôture du sommet est une autre illustration de la reculade de Sarkozy et des gages donnés à ceux qui pourraient percevoir le discours universaliste comme un lâchage.

Vincent Foly (depuis Québec)

Cet article est un article du dossier "XIIème sommet de la francophonie; lire ici les autres articles du dossier:
1-Le top de la grand-messe
3-Discours de Yayi Boni
4-Boni Yayi, une présence discrète et… sans relief
5-Madagascar obtient l'organisation du prochain sommet en 2010

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