/food/djankaki.jpg » hspace= »6″ alt= » » title= » » » /> IV – De la communication à outrance : Le manque de contradiction, d’impartialité et d’autonomie que l’on observe au niveau de certains médias (presse écrite, radios et chaînes de télévision) font croire au régime de la culture des louanges sous le PRPB.
Parfois l’ensemble des quatre (04) chaînes de télévision passent simultanément les mêmes messages du gouvernement, privant ainsi les téléspectateurs de leur libre choix. Dans sa parution N° 1510 du vendredi 12 septembre 2008 votre journal la nouvelle tribune affiche en manchette : 340 millions par an pour la propagande dans 15 journaux. Tenez, il s’agit des aveux du Ministre des Finances qui se limite aux seuls cas des médias de la presse écrite. « Les contrats des radios et télévisions coûtent encore plus chers. Plusieurs médias audiovisuels sont également dans les liens des contrats de propagande. »
Il paraîtrait que les radios sont dotées en plus de téléphones GSM équipés en kit de connexion corporate par lequel les responsables à la communication du Chef de l’Etat gardent le contact avec elles et leur balancent parfois des informations à diffuser sans qu’il ne leur soit donné la possibilité d’en vérifier la véracité. Malheureusement, lorsque le Bénin 1er en Afrique s’agissant du classement mondial de la liberté de presse recule, certains griots du pouvoir tenus dans les liens de contrat font agiter que les critères d’évaluation ont changé. Pourtant tout le monde savait que Kérékou consent à ce que tous les journaux affichent son nom si cela peut augmenter leur chiffre d’affaire.
V – Le non respect des textes en matière de décentralisation
Ce n’est pas l’Etat qui a précédé à la commune, dit Royer-Collard, c’est la commune qui a fait l’Etat. La commune est comme la famille avant l’Etat. La loi politique la trouve et ne crée point. Pourquoi le pouvoir s’acharne t-il à diviser les communes ?
Le Président Amoussou s’interroge sur la date des élections des Maires et leur prise de fonctions à la suite d’élections organisées depuis plus de huit (08) mois et avoue qu’aux Etats-Unis il y a plus de 200 ans, l’élection du Président des Etats-Unis à lieu un jour fixe et qu’elle l’a été encore cette année 2008. Pourquoi lui denier ses craintes quant à l’organisation des présidentielles de 2011 à bonne date compte tenu des contingences politiques en cours sous le changement.
L’article 28 de la loi N° 2007-28 fixant les règles particulières applicables aux élections des membres des conseils communaux ou municipaux et des membres des conseils de village ou de quartier de ville en République du Bénin énumère : «le chef d’arrondissement est élu par le conseil communal ou municipal parmi les conseillers communaux ou municipaux élus sur la liste de l’arrondissement concerné. A défaut d’un candidat au poste de chef d’arrondissement parmi les conseillers élus sur la liste de l’arrondissement, n’importe quel autre conseiller élu dans la commune peut être désigné chef d’arrondissement. »
Comme par extraordinaire c’est l’exception qui est la règle la mieux partagée, cette clause de sauvegarde juste insérée pour permettre à un arrondissement dont les élus désignés Maire ou Adjoint au maire cèdent le poste de chef d’arrondissement à l’un de leur collègue d’autre arrondissement a été interprétée comme une porte ouverte à l’exclusion.
A titre illustratif, les deux conseillers de Zinvié élus sur la liste alliance le réveil ont été exclus lors de la désignation du chef d’arrondissement de Zinvié au profit du conseiller d’un autre arrondissement qui ne peut prétendre à ce poste dans les situations normales. C’est le même cas dans l’arrondissement de Togba où les deux conseillers RB ont été exclus du choix de chef d’arrondissement sans être nulle part dans l’exécutif.
Cela est d’autant plus regrettable que lorsqu’au niveau des autres Institutions qui sont censées jouer le rôle de contre pouvoir « leur lecture de la constitution doit absolument coïncider avec celle de la Présidence de la République » (cf. déclaration Pt Houngbédji à Bohicon). Par ailleurs, L’article 13 de la loi citée supra énonce «…les candidats aux fonctions de conseiller doivent savoir lire et écrire le français.» Grande fut la stupéfaction lorsque en manchette du journal la nouvelle Tribune N°1571 du vendredi 12 Décembre 2008 est affiché : « règlement du contentieux des communales 2008, la cour rend une décision bizarre en faveur de FCBE et demande la reprise des élections. »
En effet, dans l’arrondissement de Monsey dans la commune de Karimama les FCBE ont contesté devant la cour suprême les résultats des élections qui donnaient gagnant le G13 des deux sièges. Dans son mémoire de défense le G13 a relevé l’illettrisme des deux candidats des FCBE par exploit d’huissier. Il est donc établi leur inéligibilité. Mieux sur demande de l’avocat du G13 l’un des candidats n’a pu lire et écrire pendant que le second a tout simplement reconnu qu’il n’a jamais mis pied à l’école, refusant ainsi l’humiliation. Mais coup de tonnerre, la cour estime que les élections seront reprises après avoir annulé près de 87% des voies. Cerises sur le gâteau la cour autorise les FCBE à présenter de nouveau candidats sachant lire et écrire le français. Nous devrions nous interroger.
Aujourd’hui c’est notre voisin, demain pourquoi pas nous : ça n’arrive pas qu’aux autres. Je me rends compte aujourd’hui de l’ampleur de la détresse du Président Emile Derlin ZINSOU devant le Haut Conseil de la République lorsqu’il combattait en 1990 la limitation d’âge à 70 ans pour exclure les Présidents Ahomadégbé, Maga et Zinsou des élections de 1991. Le Président Hubert Maga tout furieux déclarait à ce propos « ne m’enterrer pas vivant ». A nos jours, ceux qui en ont profité deviennent des victimes. Pourquoi alors établir des règles de jeu sur mesure ? Le changement doit y veiller, tant il est vrai les énormes moyens de propagande du gouvernement pour noyer les dérives graves dans un flot de contre vérité font croire que rien de tout cela n’est possible sous le régime dit du changement.
VI – Du redéploiement excessif des anciens Ministres et des Conseillers techniques
Il est reproché au Chef de l’Etat des limogeages précipités dans tous les secteurs de l’Etat. Le Ministre Colette Houéto avait ouvert le bal des anciens Ministres et pour résultat, elle est le porte flambeau de la jarre trouée, symbole de l’union fait la nation à Bohicon. Certains analystes politiques pensent que le Président a besoin de ce redéploiement quoi qu’excessif pour garder la maison jusqu’en 2011. Par contre certains FCBE attendant leur tour estiment « si un ministre a été limogé, c’est parce qu’il a fait une piètre prestation. Le nommer conseiller technique est grave. Un mauvais ministre sera un mauvais conseiller technique. Il faut opérer d’autres choix dans le lot de ceux qui attendent et qui sont mieux que ces ministres limogés.»
Ainsi, l’ancien Ministre du commerce devenu Conseiller technique devient l’un des patrons de la SODECO dans le coton. Il en est de même de l’ancien ministre de la micro-finance également nommé à la SODECO et l’ancien ministre des Reformes Institutionnelles, Directeur Général de la SONAPRA. Certains de ceux qui attendent critiquent le choix de ses trois ministres reconvertis dans le coton du fait des critères géographiques et ethniques. Aussi, l’ancien ministre de la culture, agronome de formation est-il devenu Conseiller technique à la culture. Les hommes de la culture qui attendent et ceux des autres disciplines s’organisent autrement pour se désolidariser des actions du gouvernement à l’heure du bilan. La promotion tonitruante de Mme Angélique SAVANE sous le prétexte d’un panafricanisme débridé est également source de division.
Comment comprendre effectivement que les cadres béninois, parfois major de promotion sont en attente et qu’on vienne à justifier une telle nomination. Mieux, non seulement elle est sénégalaise installée au Sénégal et en prime un passeport diplomatique en sa qualité de conseiller spécial du Chef de l’Etat. Mais ce qui est curieux, elle ose narguer le Bénin en des termes : « Si je voulais de l’argent, ce n’est pas au Bénin que j’irais en chercher, écoutez ! Moi à 25 ans je touchais déjà plus que cela ! C’est négligeable.» On n’a pas demandé mon avis avant. Lorsque le Directeur du protocole est venu me remettre le Décret de nomination, je tombais des nus. Il faudra donc éviter la banalisation des hautes fonctions au sommet de l’Etat et privilégier la préférence locale.
VII – De la gestion peu orthodoxe des finances publiques
Selon la loi organique N°86-021 du 26 Septembre 1986 relative aux lois des finances, aucune dépense ne peut être exécutée sans l’autorisation préalable de l’Assemblée Nationale.
En Finances publiques, plus le développement économique peut être rapide et global, plus il importe que les programmes qu’il implique s’inscrivent dans un cadre comptable préétabli. De même le vote du budget par chapitre (loi du 29 janvier 1831) au second empire et le Décret du 31 Mai 1862 demeure la charte de la comptabilité publique et où se trouvent inscrits les principes de l’unité, de l’universalité et de l’annualité du budget, la séparation des ordonnateurs et des comptables, le mode de règlement définitif du budget.
Malheureusement tout bon spécialiste des Finances publiques s’étonne des méthodes de la gestion qui est faite des fonds du contribuable béninois. Les Députés ont constaté avec amertume lors du collectif budgétaire 2008 la violation des recommandations du parlement à l’occasion du vote du budget remanié de 2007. En effet, à cette époque les dépenses ont été engagées avant de recourir à l’autorisation de l’Assemblée Nationale, ce qui est une violation des normes budgétaires. Pourtant le parlement avait voté ledit budget en formulant des recommandations. Paradoxalement, après avoir décortiqué le budget remanié de 2008, grande fut leur surprise. Le gouvernement revient à nouveau avec un budget dont les crédits sont déjà consommés. Eu égard au principe budgétaire, l’on est en droit de se poser des questions par exemple sur l’empressement du gouvernement à inscrire des crédits des projets dans le collectif budgétaire 2008 en décembre 2008 au lieu de les prévoir dans le budget 2009 comme c’est le cas de l’aéroport de TOUROU. Ce faisant, le pouvoir se refuse à budgétiser les fonds de l’escorte des véhicules d’occasion conformément à la règle de l’unité de caisse. Le vote du budget 2009 par l’Assemblée Nationale n’a rien de technique. C’est plus un vote politique que technique.
Le budget de l’Etat fixé à plus de mille (1000) milliards est en réalité en deçà des prévisions. Le budget 2008 a été exécuté à 80% en ce qui concerne le fonctionnement et le P.I.P entre 30 et 40% dans certains ministères. S’agissant du budget 2009 il a été relevé de nombreuses incongruités dans les budgets programmes des ministères. Selon le Professeur Michel Dèdèhouannou, économiste et expert à la CAPAN, «les anomalies sont très graves et la faute en revient surtout aux différents Directeurs de la Prospective et de la Programmation qui ne maîtrisent pas vraiment les règles élémentaires d’élaboration du budget. La situation est vraiment alarmante car dans certains cas, on prévoit par exemple une dizaine de salles de classes, le ministère en construit une seule et considère cependant que ce volet du budget a été épuisé.» Le non respect des règles dans tous les domaines entraînera le gouvernement dans le gouffre à cause de l’incompétence des cadres politiques et non techniques déployés pour faire croire à un budget réaliste de plus de 1000 milliards derrière la Côte d’Ivoire et le Sénégal dans la sous région. Cela me rappelle l’expérience vécue au conseil communal d’Abomey-Calavi ou le budget fantaisiste de près de un (1) milliard de 2005 à 2008 n’a jamais été réalisé sinon seulement à un peu plus de cinq cent (500) millions.
Pourquoi donc se bomber le torse et crier comme celui qui, à défaut d’un centime en poche estime qu’il peut au moins citer des milliards pour des vœux. Un Etat fonctionne avec plus de sérieux, de franchise et de sincérité pour attirer les investisseurs.
VIII – Du non respect des pratiques internationales en matière de transfert d’argent et l’octroi irrégulier des fonds publics.
Il n’est pas d’usage de transporter des espèces sonnantes et trébuchantes car il existe des procédures de transfert d’argent au niveau des Etats de l’UEMOA. Les dons d’argent faits aux sinistrés togolais l’ont été dans une mallette contenant cent millions devant des télévisions en face du monde. Le bon exemple devrait venir du sommet. En agissant de cette façon, le Président du Gerddes-Afrique Maître Sadikou Alao a indiqué qu’il peut même avoir un manque de transparence dans cette opération de solidarité. Par ailleurs, la commission mise sur pieds pour vérifier la gestion du Président de l’Assemblée révèle une procédure irrégulière du transfert de fonds dans l’acquisition du matériel audiovisuel de l’Assemblée Nationale à Paris. La commission estime que le transfert devrait se faire par voie bancaire. Face à ces situations, il n’est pas exagéré de dire que la crédibilité du gouvernement est fortement mise à mal dans la mesure où le contrôle de l’action gouvernementale peine à connaître un début d’application.
Le gouvernement s’est octroyé pourtant une charte dont l’essentiel se résume autour de la bonne gouvernance et l’obligation de rendre compte. Aussi, le conseil des ministres en sa séance du 3 septembre 2008 a-t-il annoncé une aide de 500.000.000 pour venir en aide aux chefferies traditionnelles et organisation religieuses. Les évêques catholiques du Bénin rejettent leur quote-part et suggèrent au Chef de l’Etat que « leur petite expérience de l’homme dans son rapport avec l’avoir et surtout la conscience de la gratuité qui fonde l’essence même de la valeur les conduisent à conseiller la prudence en cette matière. « La valeur en soi, est ce qui mérite d’être désiré, recherché et aimé pour lui-même. Et comme telle, toute valeur risque de s’anéantir lorsqu’elle est grevée des avantages pécuniaires. La valeur fait appel à la conviction, une conviction délestée, de toute âpreté au gain. Les valeurs de paix, d’amour de la patrie, de dignité, d’intégrité, de courtoisie… sont sans prix et quand on y mêle le prix, elles trépassent sans appel… »
Leur proposition concrète vise l’aménagement de conditions favorables aux activités caritatives, les investissements sociaux dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle, de la santé publique, de la prise en charge de la jeunesse. Il s’agit d’une belle leçon en matière de fonctionnement d’un Etat démocratique. La démocratie au quotidien à cette allure tend vers la culture du monolithisme, de l’état providence ou la notion de service fait avant tout paiement sur les fonds publics n’est plus la règle. Visiblement, la volonté manifeste de l’Etat FCBE est d’enrôler toutes les couches sociales. Selon Maître Sadikou Alao, Président du Gerddes-Afrique « les dons aux religieux violent également le transfert en matière d’argent et la constitution, car le Bénin est un Etat laïc, le non croyant qui est aussi un contribuable, ne se retrouvera pas dans l’utilisation de ces fonds. Il faut utiliser les fonds publics dans le respect de la loi et de l’orthodoxie financière. »
(lire la 3ème et dernière partie dans l'édition du week end)
C. Djankaki